Alter Ego (à prononcer à l’allemande) propose de l’électro bien gluante et froide. Bienvenue dans les marécages de la forêt noire…
Alter ego est un duo allemand : Roman Fluegel and Joern Elling Wuttke. Elevés aux sons des années 80, ils forment d’abord un groupe baptisé Acid Jesus. Ils optent très vite pour le nom Alter Ego, et signent leur premier album éponyme chez Harthouse, le label de Sven Vaeth. Sorti également en Grande-Bretagne, l’album est plébiscité par Black Dog, David Holmes et Luke Slater. Ceci les amène à sortir un nouvel album, Decoding the Hacker myth, comptant des remix de gens aussi prestigieux que Two Lone Swordmen, Luke Slater et Mathew Herbert. Ils quittent ensuite le label de Sven Vath (avant de l’aider à leur tour à finaliser les albums Contact et Fire) pour fournir leur propre tout beau tout nouveau label, Klang Elektronik, créé avec DJ Ata and Heiko .
Quelques singles (« Betty Ford », « Transphormer », « Rocker ») et EP plus tard, l’album Transphormer atterrit dans les bacs en mai 2004 et reçoit de très belles critiques, sans compter les statuettes diverses ramassées ici et là. C’est donc tout naturellement qu’ils décident de (re-)sortir la chose en version double, sous forme de best of (CD2) et de remix d’autres artistes aussi prestigieux que Primal Scream, Chicks on speed ou leurs collègues de Tiefschwarz pour le premier CD.
Certains titres d’électro pure et dure comme « Blackwater », deuxième plage, peuvent franchement taper sur les nerfs, voire pousser au crime, voire, enfin, vous faire pousser sur la touche STOP. Ce serait dommage. D’abord, car c’est à l’écoute de titres comme celui-ci que l’on comprend pourquoi certains ont besoin de fortifiants et autres dopants pour supporter, si ce n’est soutenir, ce genre assez hardcore sur les bords (premier avantage dirons-nous « scientifique »). Ensuite, parce que ce qui suit en vaut largement la peine. En effet, leurs goûts prononcés pour les années 80, vous feront aimer le titre très « Kraftwerk revisité par l’Exorciste » de Spektrum, ou la nostalgie de la voix masculine de Human League. Le titre le plus attendu, à savoir celui de Primal Scream, est aussi malheureusement le plus décevant.
A retenir : 2raumwohnung et le texte débité en allemand est assez irrésistible, pour ne pas dire sexy. La transition vers Chicks on speed est quant à elle très bien pensée et tombe à pic, avec une fin en feu d’artifice tout à fait enivrante. C’est gluant mais on adore se prendre les pieds dans ce tapis. Retour aux allemands avec Reinhard Voigt et son « Robson Ponte » tout organique. On se dit qu’on tient ici la BO d’un film de science fiction sanguinaire et gore, section cauchemar, chapitre « pesadillas ». Solvent abonde dans ce sens aussi. A moins que ce soit pour un jeu vidéo (Amon Tobin a bien ouvert la voie non?). Ce CD de remix est donc l’allié idéal à tout un chacun qui se proposerait de faire une fête de quartier mouvementée. Enfin, Tiefschwarz clôture en beauté la chose avec un titre qui fait diablement penser aux Chemical Brothers, époque glorieuse.
Le deuxième CD devrait être le premier, puisque compilant les morceaux du duo (ont-ils tellement honte de leurs propres tubes?). Il est, c’est vrai, moins intéressant. Moins percutant aussi. Le son y est plus froid, lugubre, plus allemand serait-on tenté de dire, sans que cela signifie pour autant que l’on s’ennuie. Ce disque ferait plus facilement office de disque ambient, à écouter en roulant sur l’Autobahn, alors que le premier appelle le tourne-disque et provoque la piste de danse.
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