Le second album des nouvelles coqueluches de Glasgow va enfin permettre de mesurer leurs limites tant décriées – sous-entendu « sans aucun talent, si ce n’est celui de plagier. » Pas si sûr…


On n’aura pas du attendre très longtemps pour entendre le second album du groupe de Glasgow, qui a clairement choisi de battre le fer tant qu’il était chaud. Depuis leur premier album éponyme, de nouveaux groupes sont arrivés (Kaiser Chiefs, Arctic Monkeys, Bloc Party), d’autres sont partis (The Libertines) et Gang of Four, sans qui ils ne seraient rien, a sorti un best of fracassant. Et comme à chaque fois, on se demande si le groupe survivra au syndrome du second album, contrairement aux Libertines pré-cités et aux Strokes, pour ne parler que d’eux.

Franz Ferdinand
n’a pas vraiment pris de temps libre entre les deux albums : certains morceaux sont connus depuis leur tournée précédente, et puis, seulement vingt mois les séparent. Cependant, on ne peut pas dire (heureusement) que le groupe a voulu faire une copie conforme de leur début.
Le premier morceau, « The Fallen », commence très étrangement comme Kasabian avant de devenir plus familier, malgré les riffs les plus métalliques qu’on ait entendus chez les Écossais. Ceci dit, ce qui surprend et impressionne, c’est la production, confiée à Rich Costey. On imagine d’ici la maison de disques qui a probablement décuplé le budget : en résultent un son puissant et un espace stéréophonique complètement rempli. Ce changement fonctionne généralement assez bien, mais enlève le charme relativement lo-fi de leurs débuts.

Le single « Do You Want To », on le connaît – et c’est loin d’être la meilleure heure de FF – à tel point qu’on pourrait se demander s’il n’a pas été choisi pour sa ressemblance avec leur méga hit « Take Me Out ».

La suite est beaucoup plus recommendable, avec le prochain single, « Walk Away ». Autant s’en rendre compte tout de suite, on pourrait classifier ce titre comme une (sainte horreur) ballade. Oui, Franz a décidé de réhabiliter la ballade, et « Walk Away » est contre toute attente une vraie réussite. Débutant avec un arrangement qui ne surprendrait pas au générique du prochain James Bond, le morceau joue la corde sensible sans jamais tomber dans la facilité. La voix d’Alex Kapranos se marie parfaitement au genre, surtout lors du refrain, agrémenté d’une petite influence venant d’Europe orientale. Pourquoi citer Staline, Hitler, Churchill ou Mao lors du dernier couplet, aucune idée, mais même si on n’apprécie pas spécialement le groupe, il faut bien reconnaître qu’il ne cherche pas (toujours) la facilité.
Et ça continue : « Evil and a Heathen » est emmené par des guitares carrément punk, une distortion crasseuse et une voix déformée. Enfin, Franz se dévergonde…

… et élargit ses influences : dans « Eleanor Put Your Boots On », Kapranos réussit exactement à sonner comme McCartney lors des meilleures ballades des Beatles. Quelques morceaux plus loin, le très cinématographique « I’m Your Villain » commence avec deux guitares « inspirées » d’Ennio Morricone avant d’accélérer le tempo, avant que le morceau-titre réussisse la fusion parfaite entre « (I Can’t Get No) Satisfaction » et « Dirty Diana » de Michael Jackson (si si, je vous assure).

Une dernière ballade, encore réussie (le très Bowie « Fade Together »), démontre encore une fois que ce groupe est capable d’accélérer et de diminuer le tempo à loisir avant que « The Outsiders » et sa basse funky (oserait-on dire disco ?) termine l’album avec classe. C’est seulement à ce moment-là qu’on se rend compte que le disque ne compte pas beaucoup de morceaux vraiment dansants, contrairement au premier album.

Restent quand même quelques morceaux moins forts, ça et là, qui empêchent Franz Ferdinand de réaliser l’album si pas parfait, au moins représentatif de leur talent. Parce que même si les influences sont évidentes, si le groupe est sans doute plus connu qu’il le mérite vraiment par rapport à d’autres, force est de constater la terrible efficacité de You Could Have It So Much Better, qui éclipse facilement leur premier opus, grâce à des morceaux plus variés, une production percutante (quoique parfois un peu balourde), et surtout un sens inné du fun et du plaisir.

Parfois, c’est tout ce qu’on demande.

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