Retour du doux « fouet blanc » norvégien, celui portent bien mal son nom. Une pop élégiaque ponctuée d’élévations lumineuses. Prêt pour le saut de l’ange ?


Can your hear them ?

The quiet sound that fill the years

I can hear them

The years of silence in my ears

Pouvez-vous percevoir le son du silence ? Si celui-ci devait se matérialiser, nul doute que The White Birch en serait un de ses dignes vassaux. Du silence, The White Birch en use, et plus que de raison. Ce trio norvégien perdure depuis 10 ans, mais n’a sorti en tout et pour tout que quatre albums -en comptant celui-ci (Self portrayal en 1996, People now human beings en 1998 et Star is just a Sun en 2002). Star is just a Sun est vite devenu un disque de chevet pour les amateurs de pop chavirée, calme et éthérée, bien que le silence (médiatique) se soit un peu retourné contre eux.

Comme son nom l’indique, Come up For Air c’est un peu la dernière bouffée d’oxygène avant le grand saut. Un saut où durant toute la chute, on se prendrait à vouloir toucher la ligne d’horizon. Toujours en quête d’une certaine idée de la pureté mélancolique, Come Up For Air s’inscrit dans la droite lignée des opus précédents du « fouet blanc ». On baigne toujours dans une sorte d’intensité statique où les mélodies, indécises, oscillent entre aperception amoureuse et désillusion. Le son y est incroyablement dense, tout en maintenant un niveau d’épuration assez paradoxal.

Au vu de l’extraordinaire capacité d’évocation d’un paysage sonore, c’est à se demander si à Oslo la vie ne tourne pas au ralenti. Les compositions faussement inertes du chanteur/multi-instrumentiste Ola Flottum (également membre de Portrait of David) -épaulé par Hans Christian Almendingen (batterie) et Ulf Rodge (basse, claviers)- use magnifiquement de l’espace, comme pouvait le faire autrefois Talk Talk dans ses derniers retranchements (un peu Laughing Stock et beaucoup Spirit of Eden). La voix d’Ola Flottum n’est bien souvent qu’un murmure, un chuchotement lointain et hypnotique où les paroles deviennent à peine perceptibles, ce qui est un peu dommage au vu de la qualité des textes.

White Birch utilise des guitares à la manière d’instruments atmosphérique : pas d’arpèges flagrants ni d’accords plaqués conformistes, tout se fond dans une masse sonore instrumentale où seul le piano prédominerait. Sans vouloir se plier à une technologie trop encombrante, Ola Flottum et ses comparses parviennent à sonner unique, hors du temps. Sigur Ros donne aussi cette impression parfois : une musique extrêmement mélodieuse et sophistiquée mais qui ne s’enfonce pas dans un futurisme ridicule.

L’un des sommets du disque, “Stand Over Me”, pousse très loin la notion de perdition en sondant profondément les parties reculées de l’inconscient humain. On en retire le sentiment d’une fausse sérénité, étrange lévitation ou trompettes et cello nous galvanisent. Coincé dans l’Abîme, “Silent Love” tend peu à peu à lever d’un cran sa puissance émotionnelle mais sans jamais rentrer dans la surenchère vulgaire. C’est aussi le genre de ballade nébuleuse auquel court toujours Chris Martin. Come up Fort Air fait une entrée fracassante dans notre panthéon pop de fin d’année. Prêt pour le grand saut ?

-Lire également notre chronique de Portrait Of David –
These days are hard to ignore

-Le site de The White Birch