Avec nos amis de The Clerks, Hi-Fi Killers, U.V Avnur, Pierre, French Teen idol, The Speakers et Iron & The Albatross

U.V Avnur – Border Songs

bordersongs.jpg Délicatesse, volupté, grâce : Ces « Border Songs » (chansons en marge) ne nous inspirent que cela. Et pourtant le mystère reste épais autour d’U.V Avnur, de son vrai nom Yuval Avnur. On ne sait que peu de choses sur ce jeune-homme, si ce n’est qu’il vit à New York, près de Brooklyn. On le voyait plutôt du côté de Toronto, une cabane perdue localisée au fin fond de la forêt, peut-être bien voisin de palier du folksinger Hayden. La page web qui lui est dédiée d’ailleurs est autant frustrante que ses folksongs sont mystiques et généreuses. On y dégotte plein de morceaux fabuleux téléchargeables gratuitement (dont trois de Border Songs), mai aucune trace de biographie à se mettre sous la dent. Toutes ces merveilles disponibles pour tous, c’est ce qu’on appelle un gâchis sublime, et c’est pour cela que tout le monde doit en profiter.
Yuval Avnur a la chance d’avoir une voix fluette, qui lui permet de monter assez haut, même si sa timidité le bride un peu – mais ce n’est pas pour nous déplaire. Avnur aime noyer ses chansons archangéliques d’une reverb et d’échos psychédéliques, de choeurs divins. Avec sa guitare acoustique, ses arpèges tourbillonnent le temps d’une valse folk (“Falling”) ou de pop songs à la grandeur d’âme évoquant parfois la progéniture Buckley. Il nous parle de constellation (“Porcupine Heart”) et de coeur solitaire (“Volunteer”). Ses mélodies pures, cristallines pourraient même faire jalouser celle des Trash Can Sinatras, pourtant passés maître en la matière. Si bien qu’on se dit qu’il n’y a pas une once de bassesse dans l’âme de ce jeune homme. D’ailleurs, sur la pochette, il lève la tête, une éclaircie est en train de se déchirer dans le ciel. La lumière n’est pas loin. Sérieusement recommandé.

-La page d’Yuval Avnur sur My Space

-Le site officiel Yuval Avnur

French Teen idol

frenchteenidol.jpg Ne pas se laisser embobiner par ce nom digne d’un groupe de college rock pré-pubère à la Superbus, French Teen Idol s’épanouit dans un post-rock synthétique à la M83. En provenance d’Italie, le romain Andrea di Carlo, manipule sampler et clavier non pas avec une sensibilité Fellinienne, mais plutôt Malickéenne. Influencé par les travellings contemplatifs de champs à perte de vue, le souffle sonique qui file sur cette « ballade sauvage » se transforme peu à peu en une tempête de désolation humaine. Un piano minimal, quelques boites à rythmes élémentaires et des samples suffisent comme décor à ces envolées instrumentales qui nous tendent un piège. Des extraits de voix off se greffent de temps à autre sur des trames mélodico-ambient, comme sur la colossale introduction “Shouting can have different Meanings”. Et les sept titres qui suivent tiennent la distance. Décrit comme « projet expérimental » par son principal intéressé, l’accointance mélodique l’éloigne pourtant du radicalisme d’un Fennezs et le rapproche du plus solaire Manual, sur son chef d’oeuvre Ascend. Les accros du label Morr Music peuvent se jeter sur ce bijou les yeux fermés. En espérant qu’un label français avisé (Active Suspension par exemple), pourra prendre le relais chez nous. Mais dans ce cas, avec la brise fraîche apportée par french Teen Idol, certains compatriotes vont devoir se rhabiller.

-Le site de French Teen Idol

Hi-Fi killers

LOSHIFI.gif Bon, on va tricher un peu. Les Hi-Fi Killers sont déjà distribués sur le label « O(u)Ie ! » italien Nicotine Records. Ce split EP 7 » les voit croiser le fer (ou plutôt le sillon) avec le trio mafieux Los Dragos. Fendu par la « foudre » d’un Johnny Thunders & ses Heartbrakers et Pere Ubu, ce duo explosif toulonnais aime faire résonner la rudesse des guitares sur des amplis approximatifs. Les deux instantanés rock n’roll crachés en pâture en face A nous réconcilient avec une certaine idée du rock Stoogien. Formés en 2003, les Hi-Fi Killers, ont leur quartier général autour de Toulon et se donnent des noms aussi cool que les Ramones. Visez le tableau : « Anastasujevitch (born john cummings, 15 may 1976, France; guitar/ vocals), Laugier (born douglas colvin, 14 april 1976, france; bass/vocals) et Pages (born jeffrey hyman, 10 march 1976, france; drums) ». Tout un programme messieurs ! Ce maigre single permet tout de même de se faire une solide opinion : les Hi-Fi Killers aiment les guitares « garage » salement élégantes, une distorsion pas trop cramée (al dente dirons-nous) et des gueules cassés qui respirent la flamme « rock ». Il y a du goût là-dedans, et par-dessus tout, de l’énergie. Du côté de Toulouse, on doit bien se marrer à l’écoute de l’amateurisme parisien, très côté ces temps-ci… Ha oui, les deux titres de Los Dragos sont plus nerveux, un peu moins classe, mais ça déménage quand même. Le peuple est ravi.

-Le site des Hi-Fi Killers
-Le site de Nicotine Records
-Le site de Los Dragos

Pierre – 1+2+3+4 = 10

pierre_50123410.gif Pierre Bessero (« Pierre » pour les intîmes) est un boulimique du son : depuis 1998, il cuisine tout seul des disques d’electro-folk – de plus en plus electro que folk d’ailleurs – à raison de deux par an et ce avec une régularité quasi-métronomique. Comptant bien détrôner Robert Pollard dans sa quête d’ériger une pyramide discographique, Pierre (et ses musiciens bricolo attachants) charme autant par ses qualités que sa maladresse. Son nouvel opus 1+2+3+4 =10 distille une electro-pop bordée de synthés cheap et chaleureux. Sa voix ne chante pas vraiment, mais sur “Things That Stay the Same” on croirait entendre Damon Albarn. Il faut bien sûr faire un peu le tri au milieu de ce bric-à-brac, mais tout le monde devrait y trouver son compte. Car par-dessus tout, Pierre conserve cette aptitude pop : à savoir torcher des pop songs solides. Les amateurs de mélodies entraînantes seront comblés (“Where Can We Find Lost”, “It’s hard To Believe”) en passant par les bidouillages electro un peu zélés à la Stephen Jones ou Her Space Holiday. Sans être vraiment vache, on peut affirmer que l’enclos musical de Pierre abrite davantage la dépressive Noiraude que la Vache qui rit (il fallait la faire, désolé). Avec 1+2+3+4 = 10, l’addition est juste, le pourboire sera généreux (oula Paulo, c’était celle de trop, Bang !).

-Le site de Pierre

The Clerks DEMO

clerks.gif «Indie rock from Paris and Manchester» . Le libellé placardé sur le site des Clerks vise dans le mille. Un rock très Parisian, avec un petit grain dansant récupéré sur l’autel rock des Stone Roses et des Smiths. Ce quatuor dont la moyenne d’âge tourne autour de 25 ans, tire son nom du fameux film de Kevin Smith Les Clerks où deux branleurs tiraient des plans sur la comète en rêvant d’une vie meilleure. D’ailleurs le 7e art, c’est un peu le fil conducteur (ou la corde électrique) du groupe puisque c’est dans une école de cinéma que tout a commencé pour eux. The Clerks ont même déjà connu leur quart d’heure Warohlien de gloire puisque le titre « Long Lost Wind » figure dans la bande originale du film Entre Ses Mains, (avec Benoît Poelvoorde en boucher psychopathe), mais ça c’est une autre histoire. Pour en revenir à la musique, ce premier EP 5 titres fait dans le très efficace, des guitares un brin noisy, un beat calibré exactement pour la piste aux étoiles et des refrains fédérateurs que l’on mâchouille aussi facilement qu’un chewing-gum. Bref de la pop Bubble Gum qui finalement s’apparenterait à du Blondie. D’ailleurs, les Clerks ne s’en cachent pas, ils veulent faire de la musique populaire. Toutefois, il reste assez d’arrogance dans leur musique pour ne pas faire trop de concessions. C’est clair, les Clerks peuvent se la péter, ils ont un EP 5 titres solide. (Mention spéciale à “Echoin’”, le meilleur titre des Strokes en attendant leur troisième album).

-Le site de The Clerks

The Speakers – Yeats is Greats

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Derrière The Speakers, se cachent Brian Miller et Peter Musselman, un duo de multi-instrumentistes (à eux deux ils sifflent, jouent du piano, de l’accordéon, de la guitare, du banjo, de la basse, du violon, de l’orgue, du clavier, de la batterie), originaire de Californie et auteur déjà de cinq albums remarquables à défaut d’avoir été remarqués. Le dernier en date est une pure merveille dont le point de départ a consisté à mettre en musique des textes de William Butler Yeats. Sept poésies du poète irlandais ont ainsi été retenues, auxquelles les musiciens ont rajouté neuf titres originaux (la plupart instrumentaux), composant au final une toile sonore d’une délicatesse bouleversante. Entre folk pastoral et radieuses échappées instrumentales, aux arrangements inventifs et sans cesse renouvelés, Yeats is Greats n’est pas, dans le ton, sans évoquer Seven Swans de Sufjan Stevens. Doué pour transcender la tristesse qui hante les mots de Yeats en les éclairant de mélodies immédiates, le duo fait résonner les battements d’une langue sans âge et laisse affleurer un désir d’espace et d’altitude que la dimension intimiste de ce genre de projet n’engendre pas toujours. Quelques invités sont venus par ailleurs apporter une touche précieuse, notamment Ara Anderson (à la trompette) et la violoniste Jolie Holland (Brian Miller fut son guitariste attitré sur ses deux premiers albums, ceci expliquant sans doute cela), dont l’émouvante présence sur « The Mountain Tomb» est source de quelques frissons mémorables. Vivement recommandé.

– Le site de The Speakers
– A écouter : “The Mountain Tomb”

Iron & The Albatross – S/T

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On retrouve justement le violon (mais aussi la guitare électrique et la voix) de Jolie Holland au sein de la nouvelle formation du multi-instrumentiste Ara Anderson, Iron & The Albatross. Entendu notamment chez Jonathan Richman ou Tom Waits (Alice et Blood Money), le musicien californien a ici composé l’ensemble des douze titres de l’album, essentiellement instrumental et au fort pouvoir suggestif. A la croisée de la musique de chambre (toutes fenêtres ouvertes), du jazz, du folk traditionnel et de la musique de cirque, ce disque baigné d’ambiances cinématographiques ne dépareillerait pas au milieu des BO de John Zorn (la série d’albums Filmworks parus sur son label Tzadik et qu’il a réalisés dans le cadre de films documentaires). Jouant admirablement bien du silence et des montées de tension, de l’ombre et de la lumière, des potentialités méditatives des instruments à cordes et des accents dramatiques des cuivres, des réminiscences musicales de la vieille Europe de l’est comme du mélange bien actuel des styles, cette musique devrait susciter quelque émoi chez ceux pour qui les noms de Clogs, Bell Orchestre ou Curtis Eller’s American Circus évoquent des paysages sonores aussi reposants qu’enivrants.

– Le site d’Ara Anderson
– A écouter : “Old World