Septième album déjà pour un des piliers de l’out-rock made in Arizona. Le propos s’apaise et va droit à l’essentiel.


Petit changement depuis le dernier album des Friends of Dean Martinez. Un peu comme s’ils avaient viré leur cuti. Cet album, dont déjà la pochette lumineuse contraste avec la sombre précédente, démarre par des nappes de synthé qui annoncent la couleur atmosphérique du disque. Ont-ils écouté les rééditions de Brian Eno ?

Les instruments font leur rentrée, un à un, comme lors d’une prestation scénique déjà vue et revue – mais pourquoi changeraient-ils un modus operandi si efficace ? Bill Elm, Mike Semple et Andrew Gerfers semblent avoir mis de l’eau dans leur vin, et vouloir offrir de prime abord de la musique bien plus calme que lors des galettes précédentes. Ils ont, le temps aidant, pris de la bouteille, patiné les contours, affiné leur démarche. Peut-être ce sont-ils tout bêtement trouvés, proposant dorénavant le son FODM. Alors que le précédent plongeait dans les dédales de l’out-rock le plus absolu, ici, on se permet d’aller à l’essentiel, quitte à dépasser plusieurs fois la frontière qui sépare ce genre emblématique de l’indie des autres styles musicaux.

Les échappées en solo de Mike Semple à la guitare sont ici légion, et elles témoignent d’une maîtrise du manche assez époustouflante (écoutez « Heart of darkness » pour vous en convaincre). Quant à la slide guitar de Bill Elm, tête de proue du trio, elle donne au tout une touche des plus dépaysantes, mais toujours dans ce Paris-Texas vibe. Nous voilà au coeur du sentiment que disperse FODM : un voyage instrumental qui vient s’abreuver aux paysages à couper le souffle dont l’Amérique a le secret. Un harmonica ici (« Dawn »), des timbales là (« Landfall »), les petits effets sont juste là où il faut.

D’autres plages, si tant est que l’on ne soit pas dépourvu d’un certain sens de l’humour, pourraient figurer dans un western spaghetti comme Sergio Leone en avait le secret. Bien sûr, on sait maintenant qu’Ennio Morricone a influencé pas mal de monde dans le rock. « Dusk » par exemple pourrait très bien illustrer le départ ou l’arrivée d’un cow boy au lointain… Ce titre était pourtant déjà présent sur Random Harvest, sorti l’année dernière. Il est revisité ici, en version écourtée de moitié. Pourquoi? Nul ne le sait mais on ne vas pas chicaner car c’est du tout bon.

On en a encore une fois ici la preuve, avec le bruit du vent qui souffle en prime et la dramaturgie excessive d’un titre comme « Somewhere over the waves » : la musique de FODM véhicule mille et un décors.

Enfin, autre influence à coup sûr dans le mille : Pink Floyd, période Meddle ou Animals. Le dernier titre, par exemple, « Departure », fait partie du lot.

Par rapport à la dernière galette, la septième du nom, on notera que le petit côté Calexico a totalement – ou presque – disparu. En fait, on peut même ajouter que l’élève s’est totalement émancipé, et qu’il ne reste de la bande à Howe Gelb plus que l’histoire, et le goût pour cette musique qui invite au voyage de l’esprit. La pochette, plus abstraite, est en contradiction avec la musique, qui elle est plus concrète. Mais n’est-ce pas une évidence ça ?

-Le site de FODM

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