Attention où vous mettez les pieds. Les deux bombes que vous voyez pourraient bien vous éclater la tête si vous n’y prenez pas garde!


Lorsque les Audio Bullys ont débarqué en 2003 avec Ego War, on a vite compris que Stereo MC’s et The Streets avaient fait des émules. De la dance qui se prépare et se mijote comme du hip hop relevé au dub et patiné au garage-rock, bourré de samples en tous genres, de bruitages et d’un chanté-parlé à l’accent briton à couper au couteau, ça relève d’un genre à part. On appelera ça comme on voudra, mais, pour faire facile et rapide, on dira de la dance intello (histoire de ne pas mélanger tous les oeufs dans le même panier).

Ici, pour leur deuxième album, on pourrait ajouter que Basement Jaxx (j’allais ajouter The Prodigy mais bon…) a des soucis à se faire, car le duo (composé de Tom Dinsdale et de Simon Franks) vient jouer sur leurs terres, en oubliant le côté cheap et en apportant à l’édifice une classe folle. Le hip hop n’est plus aussi présent (mais reste par ailleurs, à les entendre, leur influence principale) et les mélodies se font la part belle dans ce disque. Dès le single « Shot you down », avec un sample de Nancy Sinatra en guise de refrain, on comprend qu’on va avoir affaire à du très classieux. Et on ne se trompe pas.

De la dub épaisse et organique de « Keep on moving » ou de l’acid mix d’un Daft Punk (décidément, encore un dont on hésite à citer le nom) de « Generation » au crescendo sensualo-sexuel de « I won’t let you down », on semble souvent se rapprocher de la construction et la fièvre qui caractérisaient jadis un « God is a DJ ». Et que dire de « All sing along », sinon, qu’en effet, on a envie de chantonner avec eux.

La présence ici de Roots Manuva (« Made like that »; décidément très productif cette année) ou là de Suggs(chanteur de Madness) (« This road ») sont comme les cerises d’un formidable gâteau, et ajoutent au duo une certaine crédibilité tant par sa musique que par ses choix. On retrouve le genre de titres très british, ou plutôt très londoniens, qui ont fait la gloire de The Streets, avec une mélodie mélancolique et des paroles optimistes (« The future looks much brithter then those bad yesterdays »). Enfin, le saxophone sur « Struck by the sound » clôt la galette de fort belle manière.

Le duo répète à l’envi avoir puisé son inspiration et sa voie au gré des prestations live données depuis la sortie d’Ego war. Bien lui en a pris, car l’album a la particularité de réveiller les sens qui mettent en éveil une piste de danse, tout en ne se contentant pas de ce seul motif éphémère pour exister.

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