Si Sandokan s’était décidé à faire du rock ça aurait pu ressembler à ça, c’est à dire piquer votre curiosité dans un premier temps, vous lasser ensuite…
Le disque de Nervous Cabaret commence comme pas mal de ses contemporains : « Mel Gibson », sur des clappements de mains, un rythme progressif et une voix enrouée à l’accent à couper au couteau, vient déverser un chant entraînant invitant au pogo, voire à la déconnade et à la fête. Bienvenue dans un monde de gypsy punk où les grooves gitans viennent s’entremêler au tandem basse-batterie. Le deuxième titre, « Instant Lady », au refrain à se pâmer par terre donne envie d’aller plus loin, après avoir tapé du pied. En tout cas, ce bon vieux Captain Beefheart est sur le bout des lèvres, qui n’est que justice rendue à un artiste trop souvent relégué aux oubliettes de l’histoire du rock. Enfin, les cuivres achèvent de nous convaincre. Mais – car il y a un mais – dès le troisième titre, « Grand palace of love », malheureusement, on s’embourbe. Un peu comme un chewing gum que vous avez envie de cracher au bout de 5 minutes. Un peu comme un disque d’Arno aussi.
Ceci dit, force est de constater que jusque-là fallait y penser à ce genre exotico-rock déjanté. En effet, ce combo se trouve bel et bien – seul qui plus est – dans une niche à même d’attirer autant les amateurs du No Smoking Orchestra d’Emir Kusturica que du punk briton d’un Maxïmo Park. Mais, comme c’est trop souvent le cas, le risque est tout aussi grand que l’auditeur fatigue et se lasse d’un genre aussi étriqué. Ce qu’il finit par faire. En un mot comme en cent : la fraîcheur sent vite le moisi.
Tout est là pour attirer les mouches pourtant. D’abord Elyas Khan, guitare et chant, qui arbore un look de pirate des Caraïbes avant l’heure (voir photo) et ses comparses (Matt Morandi à la contrebasse, Brian Geltner à la batterie, Fred Wright à la trompette, Don Undeen et Greg G Wiz aux renforts percussions et cuivres). La petite histoire veut que le tout ait commencé par un « open mic » à Brooklyn.
Mouais. C’est en pleine sieste que l’on se réveille avec un – pesons nos mots après avoir pesé nos maux – magistral « Gravity », qui doit, à coup sûr, faire des ravages sur scène, avec ses cuivres à la Tom Waits.
Malgré la spécificité outrancière de leur musique, le groupe s’essaye au formatage ambiant : la ballade sirupeuse « Alone together » en témoigne.
Enfin, bref, le disque est pas mal à maints égards, un peu casse-burnes à d’autres…
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