En ce début d’année 2006, deux sorties estampillées Morr music nous avaient émoustillés. Nous voilà refroidis…


Un peu comme pour la nourriture, en musique, vous avez des labels tellement typiques, tellement enfermés dans une niche et un genre particulier, qu’ils finissent par se mordre la queue : Morr Music, label allemand connu pour et par The Notwist à savoir, tout ce qui tourne autour des frères Acher, à savoir Tied and Tickled Trio, Lali Puna, etc…., en fait partie. Avantage : tout ce qui sort sur ce label est prévisible, mêlant allègrement techno froide germanophone (l’oeil rivé sur Kraftwerk) et envies issues des musiques black (funk, hip hop). Inconvénient : à part quelques perles comme Lali Puna, la plupart des disques finissent par être des clones de clones, à l’infini de surcroît. Non que la musique soit mauvaise, mais elle tourne toujours et encore autour du même pot.

B.Fleischmann (Bernhard Fleischmann de son vrai nom) fait partie de ces clones. Son disque, The humbucking Coil, n’est pas mauvais mais il rentre par une oreille pour directement foutre le camp par l’autre. Il serait intéressant de passer ce genre de musique dans les trains peut-être, ou en achetant ses congelés à la supérette… l’écoute pour l’écoute par contre est ici à déconseiller, au risque d’y perdre la tête ou d’aimer l’ennui à tel point de se l’affliger ad mortem. Le chant respire l’ennui, la musique aussi. On ne sent aucune envie, plutôt un gimmick qui s’évertue à sonner zen peut-être mais qui transmet une seule chose, l’ennui. Il n’a, du coup, point été jugé utile de passer en revue un catalogue de banalités assomantes sur le comment on arrive à sonner ainsi…

electric.jpgLe cas d’Electric President (Ben Cooper et Alex Kane) est encore plus problématique, car on ne peut s’empêcher de penser qu’en signant ce jeune groupe, Morr avait des intentions plus que mercantiles et cherchait uniquement à surfer sur le succès de 13 & God dont il n’a sûrement bénéficié qu’à moitié. Pour rappel, malgré que 13 & God était majoritairement composé de membres de The Notwist, l’album éponyme est paru chez Anticon et non Morr. C’était sûrement motivé par des raisons logistiques, Anticon ayant une plus grande visibilité que son cousin berlinois. On est donc pas surpris de voir Morr débarquer avec une signature dont la voix fait inévitablement penser à un croisement entre celle de Doseone, maître de cérémonie de 13 & God et, dans une moindre mesure, à celle du chanteur de Grandaddy. Pour le reste, Electric President pratique une électro-pop mélancolique qui est à l’image de la pochette : bon enfant et naïve. On n’est jamais surpris et à nouveau, le disque ne fait qu’un bref passage éclair dans notre tête. Certains accords acoustiques renforcent le lien de parenté avec Grandaddy. Quelques sonorités bricolées font penser à un Why? qui aurait été dépourvu d’inventivité. Et puis, il y a tous ces morceaux qui donnent l’impression d’avoir été coloriés par The Notwist. A croire que chez Morr, il y a un cahier des charges rigoureux qui dit que s’il n’y a pas un petit côté Notwist, l’album ne peut pas paraître.

Reste que si vous êtes néophytes en disques labellisés Morr, aussi bien l’album d’Electric President que B.Fleischmann peuvent constituer une bonne entrée en manière. Pour les autres, à moins que vous ne vous sentiez pas encore blasés, suivez notre conseil: passez à autre chose.

Le site de Morr Music
Le site de B.Fleischmann
Un site où il est question d’Electric President