Alors qu’on ne cesse de les encenser depuis des années, le label Fargo a eu la riche idée de rassembler sur un même disque quelques-uns des meilleurs artistes scandinaves du moment. Emotions garanties, pour tous les amateurs de country-folk.


Clin d’oeil à l’album Cowboy in Sweden de Lee Hazlewood, la compilation Cowboys in Scandinavia – The new folk sounds from Northern Europe invite une partie de la crème de la scène musicale scandinave. Enfin pourrait-on dire car depuis le temps que l’on vous dit que de ce côté de l’Europe ça bouillonne d’ingéniosité et de talents, cette collection d’artistes tombe à pic. Ce disque à l’initiative du label français Fargo nous rappelle de par sa densité et sa variété la compilation 15 d’un autre label inspiré Flying Nun Records qui avait réuni sur une même galette ses poulains. Comme son confrère néo-zélandais, Fargo témoigne d’une exemplarité en terme de signature d’artistes country-folk et d’une même démarche associant ouverture d’esprit et prise de risques, qualités rares dans ce métier faut-il le souligner.

On entre dans ce recueil folk par la grande porte, témoin le « Allelujah » de Christian Kjellvander qui célèbre de nouveau l’excellent album Songs from a two room chapel dont on espère que son successeur sera de la même veine. Florilège de pépites country, les titres s’enchaînent avec autant de sagacité que de panache. On croise des gens dont on avait déjà vanté les vertus, St Thomas, Nicolai Dunger, Mattias Hellberg, Thomas Dybdhal, José Gonzalez, Motorpsycho et d’autres qui nous avaient interpellé mais dont l’oeuvre n’est pas encore assez étoffée pour retenir complètement l’attention, tels les Junip, Lancaster Orchestra, Hidden Truck ou Christer Knutsen. Outre la possibilité de retrouver certaines des chansons phares des artistes précités, Cowboys in Scandinavia nous fait découvrir des musiciens au talent rare qui attendent qu’un producteur vienne frapper à leur porte avec un contrat discographique sous le bras. Tarantula, Mikael Herrström, Johanna Berhan sont quelques noms qui ne devraient plus rester trop longtemps dans l’anonymat. On croise les doigts pour eux.

Sur les dix-neufs artistes réunis sur le disque, nos coups de coeur reviennent à Junip, side-project de José Gonzales et sa relecture de « The ghost of Tom Joad » – emprunté au Boss en personne dont la performance est à l’image de la chanson, sublime – St Thomas et un extrait de son prochain essai Children of the new brigade – tout droit sorti de la Californie, cousin du « Here comes your man » des Pixies, l’hiver norvégien semble tout de suite moins rigoureux – Mikael Herrström et son rock tendu et racé « Do they let my kind in there » côtoie le meilleur des Bad Seeds, rien de moins. Parallèlement à ces favoris, Johnossi, Nicolai Dunger ou encore Tobias Fröberg pourraient revendiquer le podium sans qu’on y ait à redire. Toutefois, il serait injuste de notre part de ne citer que ces artistes-là tant chacun d’entre eux présents ici témoigne d’une grande richesse artistique.

Construit comme un patchwork de paillettes plus étincelantes les unes que les autres, Cowboys in Scandinavia construit un pont entre l’americana et le folk scandinave. Elisant domicile sur des terres à la fertilité abondante, chaque chanson de la compilation brille par son éclat et sa fraîcheur ce qui confirme l’adage bien connu, le froid conserve, sous entendu le génie bien sûr.

-Le site de Fargo