Sorti plus ou moins de nulle part, ce combo New-Yorkais mené par Alec Ounsworth vient secouer un peu le paysage rock. Ca tombe bien, on était quelque peu en manque d’albums de l’année.


Fin mai 2005, voici l’été qui se pointe. En parcourant la foultitude de blogs musicaux (merci la Blogothèque !), on s’arrête soudain sur une info concernant un groupe au nom plutôt débile, mais marrant : Clap Your Hands Say Yeah!. En lisant de plus près, on y apprend entre autres que le chanteur aurait une voix de “Neil Young bourré”, et que Radiohead et les Talking Heads seraient des fondations importantes du groupe.

CYHSY! a autoproduit son album, et si vous l’achetiez à cette époque, c’est le groupe lui-même qui se chargeait de vous l’envoyer par la poste. L’engouement fédéré autour de ce groupe nous amène sur leur site Internet, où 5 morceaux sont téléchargeables gratuitement… Parfait pour se faire une première idée.

Et soudain, en pressant le bouton “Play” de Winamp, c’est la claque, mais une claque magistrale. “The Skin Of My Yellow Country Teeth” est le morceau de l’année, tout simplement ! Rythmique endiablée, très rapide et utilisant les cymbales à la perfection, ligne de basse géante, riff de guitare aigu et entêtant. Entre alors en scène Alec Ounsworth : sa voix déraille, on pense immédiatement au fameux Neil Young bourré, et même à un Thom yorke qui aurait définitivement sombré dans l’épilepsie. Dur de ne pas rester insensible à cette voix exaltée. Une fois le choc de “The Skin Of My Yellow Country Teeth” passé, la mélodie reste gravée dans notre tête. Mais nous n’en resterons pas là.

“Upon This Tidal Wave Of Blood”. Deuxième monument du disque. Une rythmique de guitare géniale et pourtant toute simple, Alec s’envole encore avec sa voix et sa mélodie ultra-accrocheuse. On sent très nettement le fantôme de Neutral Milk Hotel, mais le groupe a su l’utiliser à bon escient et pondre un morceau original. Ca commence avec une guitare sèche, qui joue en boucle un accord de sol. Et petit à petit, tout se met en place : d’abord la batterie, puis une guitare qui transpire la reverb, un clavier sautillant, et toujours la voix d’Alec, impériale. Au bout de deux minutes, changement d’accord, on bascule en do, puis en ré. Progression basique, mais frisson guaranti. Sur le refrain, Alec part encore plus haut, mais ce coup-ci, sa voix est maitrisée, et on repense alors un peu à Thom Yorke.

Etes-vous capables de citer beaucoup de groupes ayant produit deux des chansons que vous avez le plus écoutées cette année ? Essayez, vous verrez que c’est plutôt tendu. Alors imaginez la fébrilité de votre chroniqueur lorsque deux mois plus tard celui-ci met pour la première fois le LP tant attendu dans son lecteur, priant pour avoir uniquement des chansons de cet acabit.

Pourtant la première écoute de l’album déroute, notamment le premier morceau “Clap Your Hands” : une bande-son parfaite pour un documentaire rétrospectif sur l’histoire du cirque Pinder. On se demande un peu ce que ça vient faire là. Heureusement “Let the cool Goddess rust away” fait ensuite oublier cette lamentable introduction. Curieusement, l’impression qu’aura laissée cette mise en bouche, c’est que le spectre de Radiohead n’est pas très loin, notamment cette voix opérant dans un registre très aigu.

Citons en vrac d’autres temps forts du LP : « Details of War », et son envolée crescendo, avec une reverb du meilleur goût. « Heavy Metal », avec son riff qui en jette et un harmonica judicieusement inséré dans la montée en puissance du titre, ou encore « Gimme some salt ».

Vraiment ce premier essai s’écoute sans lassitude, une vraie bouffée d’oxygène dans la pépinière indépendante. Pour finir, si CYHSY! s’en tire haut la main, aussi bien au niveau des critiques que du public, il nous montre avant tout que l’avenir musical réside bel et bien dans la fédération d’un public via de nouveaux moyens, tel que le bouche-à-oreille bloguien.

-Le site officiel