Le toulousain nous propose une relecture soi-disant classique des titres de Depeche Mode (qui ça?) : résultat très mitigé…


Le premier titre commence par des notes de piano très plaisantes. La voix de Sylvain Chauveau, quelque part – bizarrement – entre Dave Gahan et Martin Gore en passant par David Sylvian, vient très vite placer l’église au milieu du village. Qu’est-ce que ça veut dire ? Tout simplement que ce Down to the bone, très utilement sous titré «An acoustic tribute to Depeche Mode», ne fait pas vraiment dans la dentelle : on a respecté à la virgule près la trame des chansons originelles. Sans se demander si elles le méritaient, ce n’est en tout cas pas de ce côté-là qu’il faudra chercher l’originalité du projet.

Les rockeurs repris en mode classique, ce n’est pas – plus – ce qui manque dans le monde du rock. Peut-être quelques-uns font-ils la grimace, mais force est de constater qu’on est assez éloigné – et ce malgré l’utilisation d’instruments « nobles » – de la vraie valeur dite de la musique classique. D’abord, l’écriture n’a rien à voir : ici la base de tarte est pop-électro, à savoir basée sur la répétition. Ensuite, le chant de Chauveau rapproche bien évidemment le genre vers une pop chaloupée plutôt qu’un vaste projet de musique classique. En clair, le fait qu’il chante dessus gâche un peu le processus choisi. Enfin, bref, ce n’est pas avec ce disque que vous ferez croire à quiconque que vous écoutez de la musique classique…

L’idée n’est pas neuve. Remémorons-nous Apocalyptica, qui reprend depuis maintenant des lustres les titres de Metallica, pour le plus grand plaisir de… de qui au fait ? Il semble que ceux qui écoutent de la musique classique ne peuvent vraiment pas s’intéresser à cette revisite de titres rock, où la redondance est de mise. Finalement, les disques aux arrangements méticuleux, n’hésitant pas à s’octroyer un orchestre, voire même un quatuor, sont bien plus intéressants et ce à maints égards (ne serait-ce que pour l’écriture originale, et non cette réécriture).

Vous remarquerez que l’on part, avant de poser la galette, sur de bien mauvaises bases. Alors, oui, on est piqué par la curiosité. De plus, Sylvain Chauveau a raclé large. Ceci dit, il n’a peut-être pas fait exprès, mais Depeche Mode! Une chose est presque assurée : la plupart des fans du trio electro-pop vont se jeter sur la galette, ne serait-ce que pour voir s’il n’y a pas blasphème en la matière. Une autre partie y trouvera peut-être son compte, histoire de faire découvrir à d’aucuns, ceux restés en marge de la musique pop-rock, combien la beauté intrinsèque y est ici magnifiée. Oui, certains baigneront dans une illusion béatifiante. Tant mieux pour eux.

Il n’y a rien à redire ni sur la qualité de l’enregistrement, ni sur les performances des différents musiciens de l’Ensemble Nocturne (Géraldine Devillieres au violoncelle, JB Salles à la contebasse, Aurélien Besnard à la clarinette, Sam Crowther au piano…). Le disque lasse cependant, et très vite. Le fait de déjà connaître tous les titres a ses limites, dont celle-là : on a très – trop – vite fait le tour. De plus, quand on trouve que l’original se suffisait à lui-même, on comprend pas très bien l’intérêt de cette incartade. Enfin, les interférences sur « FreeLove » gâchent un plaisir pourtant pas au mieux de sa forme…

Il y a quelques étincelles qui valent une écoute, ne serait-ce que par curiosité : « Blasphenous rumors », dont la mélancolie y est très palpable, et « Enjoy the silence » sortent largement du lot. Malheureusement, l’impression d’ennui ne rattrape pas l’envie de ranger la chose.