Ces dernières années, Stereolab gâte ses fans en cumulant les compilations en tout genre. Fab four Suture ajoute une nouvelle pièce à cette collection que chaque fan se doit de posséder chez lui.


Que cela plaise ou non, il faut admettre que Stereolab fait partie de l’histoire du rock indépendant. Le groupe, qui fête déjà ses 15 ans d’existence, a traversé les années en ayant toujours su s’adapter, et ce, sans jamais trahir sa philosophie de base.

Stereloab a vu le jour en 1991, année durant laquelle le courant noisy entamait sa dernière ligne droite avec la sortie de Loveless de My Bloody Valentine qui allait changer l’histoire de la musique. En tant que parfait petit électron libre biberonné au krautrock et à la pop mélodique des années 60, Stereolab allait mieux que quiconque motiver l’ajout du suffixe pop au mouvement noisy en ajoutant aux habituelles guitares aériennes de l’époque, sa collection de sonorités vintages et le chant monocorde de l’inimitable Laetitia Sadier. Déclamant sa poésie socialiste en français ou en anglais, le groupe allait imposer sa touche et séduire un public qui allait lui rester fidèle.

Au fil des années, Stereolab a fort logiquement laissé tomber l’influence noisy et est devenu un modèle de pop rétro-futuriste luxueuse qui a inspiré des groupes comme Air. La recette du son Stereolab est simple et abuse des structures répétitives sur lesquelles vient se superposer une couche de sonorités sentant bon la pop mélodique ou psychédélique des années 60.

Ces dernières années, le groupe s’est fait plus discret. Il est vrai qu’il n’a pas été épargné par le sort, un des membres du groupe ayant perdu la vie dans un accident de la route. Son dernier album Margerine Eclipse est paru en 2004 et était le premier depuis Cobra and Phases Group Play Voltage in the Milky Night et Sound-Dust, deux albums parus respectivement en 1999 et 2001 marqués par une collaboration fructueuse avec John McEntire (Tortoise) et Jim O’Rourke (Wilco et Sonic Youth) qui a permis au groupe de flirter avec le free-jazz.

Durant cette période creuse, le groupe en a profité pour gâter ses fans. Sous le nom de Monade, Laetita Sadier a sorti le très Stereolab, mais néanmoins fort sympathique A Few Steps More. Deux magnifiques compilations ont vu le jour. ABC Music regroupait une collection d’enregistrements de sessions pour la BBC. Oscillons from the Anti-Sun emballait dans un bien joli coffret 3 CD’s et un DVD reprenant tout ce que le groupe comptait comme raretés, EP’s ou singles.

Fab Four Suture est une compilation concept de singles sortis cette dernière année. Elle s’ouvre et se termine sur un morceau au titre évocateur de « Kybernetcika Babicka Pt 1. & Pt 2 », un exemple de musique répétitive hypnotique où Leatitia Sadier utilise sa voix comme couche de cuivres. C’est du Philip Glass sans la prétention qui va avec. On se plairait à remonter une séquence du cultissime Koyaanisqatsi avec cette musique. Après une entrée en matière aussi prometteuse, on est inévitablement déçu de retrouver le Stereolab que l’on connaît et qui enchaîne ses morceaux de pop aux mélodies multicouches. Chaque piste pourrait se retrouver sans problème sur un précédent opus du groupe.

Cependant, contrairement aux très monotones Margerine Eclipse, Fab Four Suture a le grand mérite de ne jamais se reposer. A l’exception du soporifique et bien nommé « Whisper pitch », tous les morceaux possèdent un groove certain propice aux déhanchements et abusent des variations de rythmes. A ce titre, « Get A Shot Of The Refrigerator », « Excursions Into « oh, a-oh », « Widow Weirdo » bénéficient de la promotion « deux morceaux pour le prix d’un ».

Même si ce n’est pas un véritable nouvel album, Fab Four Suture affiche une cohérence qui lui permettrait d’être considéré comme tel. En tous cas, il constitue finalement une sympathique surprise et augure d’un futur prometteur pour Stereolab que beaucoup ont déjà voulu enterrer à maintes reprises.

– Le site de Stereolab