Second album passionnant du super trio mené par le charismatique Luke Sutherland. Pas une ombre au tableau face à ces experts du panorama solaire et autres mélodies lumineuses.


Le retour de l’ex Long Fin Killie Luke Sutherland en 2004 au sein du trio Music A.M. fut accueilli comme une excellente nouvelle car, même si sa discographie est exemplaire (client régulier pour Mogwai, il brille également sur son projet solo Bows), l’écossais n’avait pas pris le micro depuis bien longtemps. Cette nouvelle configuration avec le claviériste/programmation Volker Bertelmann (aka Hauschka, moitié du duo Tonetraeger) et le bassiste Stefan Schneider (To Rococo Rot) combinait avec succès le style des trois musiciens, nous plongeant ainsi dans une pop électronique sous-marine, sillonnée par des réverbérations solaires des plus séduisantes.

Après A Heart and a Two Star et le mini-album My City Glittered Like a Breaking Wave, voici donc ce troisième opus, enregistré à Düsseldorf (le deux compères de Sutherland sont allemands) et mixé dans les hauteurs du Pays de Galles aux studios Twin Peaks. Unwood From The Woods cultive toujours le fondu des genres (electronica/soul/jazz/pop/post-rock…). Faussement calme, leur panorama musical évolue comme des moutons de vagues : linéaire d’apparence, l’intérieur de la vague est autrement plus chaotique et foisonne d’éléments en perpétuelle collision venant d’horizons souvent bien lointains.

Encore une fois, la richesse des textures façonnées par les programmations de Volker Bertelmann surprend. Les arrangements – de prime abord proches d’une musique lounge/eclectronica – n’ont de cesse d’être déviés de leur trajectoire par les personnalités des deux autres camarades, la voix incomparable de Sutherland y étant bien sûr pour beaucoup. Renforcé par la guitare de celui-ci, Music A.M. prend une tournure plus structurée, assez pop par moments, sans toutefois être aussi accessible qu’un Postal Service. La palette d’exploration du super trio est néanmoins bien plus conséquente que celle de la paire Gibbard/Tamborello, avec par exemple une capacité déconcertante à emprunter au jazz, notamment grâce à l’expérience confirmée du bassiste Stefan Schneider (les superbes cuivres de “NY 75”).

Sur une mélodie rayée (“Always”), Sutherland livre des textes crus, susurrés de honte. Des choeurs gospel offrent une dimension plus soul à des titres comme “I Was Born To Make you Happy”, au départ pas vraiment adaptés à ce genre nettement plus cérébral. En arrière plan, un bottleneck glisse sur un effet delay et procure une dimension spatiale comme savait si bien en installer Bowery Electric du temps de Beat. Cette rencontre catalysée d’éléments résume parfaitement l’art complémentaire de chaque musicien. Rarement nerveux, Music A.M. se permet une entorse à la règle sur “Stars on 45”, trame contemplative laissant progressivement monter le niveau BPM et ne devenir au final qu’une ligne claire. “Your Bones” est certainement le morceau contenant le plus de partie chantée – bien que Sutherland murmure -, transporté par des choeurs solaires, ambiance caniculaire. “You Know Better Now…”. On se laisse porter par ses ambiances sophistiquées, par des cris de dauphins et une rythmique guitare hendrixienne (“You Know Better Now…”). Le morceau le plus dans la lignée d’Aphex Twin se trouve en bout de chemin, “Every Bulb in the Place Blew”.

La bande son idéale pour une baignade dans une mer d’huile, au moment du coucher de soleil.

-Le site officiel de Music A.M.