C’est sans doute parce qu’elle a passé une bonne partie de son enfance à traverser la frontière entre l’état d’Oaxaca (où elle est née) et le Minnesota, que Lila Downs a fait du métissage sonore une figure de style caractéristique de sa musique. Si ses chansons puisent leur essence dans la tradition et la poésie mixtèque, elles incarnent aussi à merveille une soif de mélanges tous azimuts, comme les affectionne un de ses principaux modèles musicaux, le brésilien Caetono Veloso. Avec La cantina, elle explore un genre propre à la culture populaire mexicaine, la cancion ranchera, que l’on peut aisément comparer au fado portugais. Ces chansons emplies de tristesse, destinées à l’origine aux clients esseulés des tavernes, deviennent dans la bouche de la diva mexicaine de tendres et émouvants hommages aux femmes (celles qui abandonnent leur pesant destin rural pour tenter leur chance en ville ou celles qui souffrent de ne plus être aimées), des hymnes à la Terre, et même des odes à la cuisine de son pays natal. Sans s’appesantir toutefois, de manière à transcender la peine et le malheur, Lila Downs et ses musiciens marient avec humour et sans retenue percussions débridées et basse hip-hop, échantillonnages électroniques et harpe traditionnelle, accordéon chaleureux (celui, célèbre, de Flaco Jimenez) et guitare électrique fiévreuse, le tout aboutissant à un melting-pot musical génialement festif.
– Le site de Lila Downs.