Le troisième album de Mocky est bel et bien celui de la maturité. Un disque qui joint donc l’utile à l’agréable.


Le premier disque de Mocky, jeune canadien installé à Berlin se la jouant cradingue et ringard, avait amusé mais sans plus (rappelez-vous son « Mickey Mouse Mothafucker » tiré de Are + Be). On s’était même surpris, après avoir vu le CD mordre la poussière, à vouloir le refourguer au plus pressé (sans succès). C’est donc avec circonspection qu’on voit atterrir ce nouveau CD sur le bureau. Et de jeter un regard de dégoût sur le rédac-chef, se jurant qu’il n’aura pas volé votre lettre de démission au mieux, la porte qui claque au pire (avec noms d’oiseaux en option).

Pourtant, comme on dit, il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis. Et puis, qui connaît mieux ses poussins que Maman Paul-Ramona ? Côté pochette, force est de constater que le Mocky dont on aime ici à se moquer a incontestablement fait des progrès. Rien à voir avec la précédente, étalant le mauvais goût comme marque de fabrique. Ce regard inquiet, ce plan serré sur son visage dans l’obscurité : c’est clair, on est bien loin de la légèreté d’antan, au propre comme au figuré. Que s’est-il passé entretemps ? Il a bossé sur l’excellent Multiply de Jamie Lidell, particippé au dernier Jane Birkin, produit la suédoise Soffy O, et travaillé avec Gonzales et encore Jamie Lidell sur le prochain disque de Feist, Let it die.

Pourtant, les premiers titres font clairement le lien avec l’opus antérieur. « Tears of joy » fatigue presque (ce qui est mal barré pour un premier titre d’album), « Animal » énerve un peu, mais « One of a kind » titille, avec ce faux-semblant Fun Lovin’ Criminals. Un petit côté Prince (« Extended vacation ») commence à faire son bonhomme de chemin dans le jeu de la séduction.

Tout à coup, les « pourtant » foutent le camp, et la musique prend le dessus. L’original « Fightin’ away the tears », avec en exergue des clappements et la très sensuelle voix de Feist (déjà présente il y a deux ans), donne envie d’écouter la suite. On est comblé. Imaginer Jamie Lidell se déhancher sur « In the meantime », Taylor Savvy et sa voix langoureuse sur « Elementary » : voilà qui fait plaisir.

« After the rain » sent bon la nostalgie, avec sa boucle de guitare sèche, « I’m yours » est langoureux et sensuel avec ses timbales en relief, et « i=I’m a fool » clôt le tout avec des synthés et des cuivres très vintage.

L’album est extrêmement plaisant, sent bon la maturité, et utilise les gimmicks les plus rigolos des années funk disco à bon escient.

– Le site de Mocky