The Legend Of Vernon McAlister restera probablement comme un des disques les plus fascinants de l’année. On y entend un guitariste virtuose, Richard Leo Johnson, absolument seul, alors que pourtant on jurerait qu’il est accompagné de quelques autres musiciens. La guitare en question n’est pas n’importe quelle guitare : c’est une National Duolian datant de 1930 – compagne privilégiée à cette époque des joueurs de folk qui sillonnaient en baroudeurs les Etats-Unis – qu’un voisin bien inspiré a offerte à Johnson. Un certain McAlister l’a d’ailleurs possédée, il a frotté ses doigts plein de passion et de sueur sur des cordes qui le faisaient vivre. C’est à ce parfait inconnu, dont le nom reste uniquement gravé à l’intérieur de l’objet, que Johnson rend aujourd’hui une sorte d’hommage posthume. Le résultat est époustouflant. Triturant sa guitare, au son naturellement métallique, afin d’en recueillir une variété infinie de tonalités chromatiques, Johnson élabore au fil de vingt miniatures un univers fantomatique sans précédent. Très aventureux, il compose des mélodies au charme immédiat qui nous font voyager avec lui par-delà le temps. Jouant ensuite sur les textures, la réverbération, l’enveloppe sonore, la manière de toucher/frôler les cordes, comme sur la profusion des ambiances (allant de la country rêveuse à l’ambient, en passant par un folk plus traditionnel et des expérimentations sonores saisissantes), le guitariste dépoussière le passé et nous raconte, sans la moindre parole, l’histoire de son instrument devenu fétiche.
– Le site de Richard Leo Johnson.
– Le site de Cuneiform.
– Le site de Orkhêstra.