José Gonzalez était de passage à Paris, le 4 mai dernier. Dans un Point Ephémère rempli de Suédoises, l’Argentin de Stockholm a, seul sur scène, uniquement armé de sa guitare, donné un concert épuré et magnétique.


Amis de Meetic et autres Parship, si vous rêvez de rencontrer de jolies Suédoises branchées, ce n’est pas en surfant des heures que vous les trouverez, mais à un concert de José Gonzalez. Elles sont venues en nombre assister le 4 mai dernier au deuxième passage parisien de l’Argentin installé en Suède. Célèbre en sa patrie mais aussi à l’international, par la grâce de sa reprise de The Knives, “Heartbeats”, magnifique titre repéré par d’ingénieux publicitaires de Sony, José Gonzalez a rempli le Point Ephémère.

La salle, sise dans une ancienne caserne sur le quai bordant le Canal St-Martin, est le nouveau temple des jeunes bobos parisiens du 19e arrondissement. Et sa programmation est de qualité et généreuse. Deux groupes se partagent ainsi la première partie ce soir-là.

Kate Stables ouvre le bal de façon fort agréable. Malgré un jeu approximatif au banjo et aux tambourins, la jeune femme – tenue baba-cool et sourire charmant – enchante la salle avec une musique gentiment folk et une voix superbe, entre Fiona Apple et Joan Baez. Une artiste à suivre… Lozinger, groupe français, enchaîne avec une pop éthérée, linéaire et un chouïa ennuyeuse. La voix plaintive du chanteur manque singulièrement d’émotion et l’ensemble n’est pas toujours très harmonieux.

Heureusement, José Gonzalez arrive et fait oublier le dernier set et la température caniculaire de la salle. Uniquement accompagné de sa guitare, il fonce sur son siège et entonne immédiatement les premières notes de “Deadweight on Velveteen”. “Hints”, “Stay in the Shade”, “Lovestain” : le chanteur enchaîne les titres de son album solo Veneer sans artifices ni fioritures. Très concentré sur son instrument, il triture les cordes et joue avec la caisse de la guitare. Il tape même souvent du pied et donne un petit air flamenco aux très beaux “Hints” ou “Lovestain”. La voix de José Gonzalez est encore plus belle sur scène que sur disque : sur “Stay in the Shade”, elle approche la légèreté et la grâce triste de celle de Nick Drake.

“Heartbeats”, peut-être trop entendue (ou trop chantée ?), n’est pas à la hauteur de la version studio. Mais l’Argentin de Stockholm se reprend pour interpréter de façon sublime “Crosses”. Il interprète également deux nouvelles chansons, dont “Send Someone Away”, tout aussi belles mais moins sombres que celles de Veneer.

Avec la même délicatesse qui a fait le succès de “Heartbeats”, José Gonzalez reprend des chansons qu’on aurait pensées improbables dans son répertoire. Après avoir « soufflé » le public avec une reprise de Kylie Minogue (“Hang On to You Heart”), il se lance dans l’interprétation de “Teardrop” de Massive Attack. Sans électronique – à peine un léger écho sur sa voix -, – il restitue toute la force de l’original avec quelques cordes de guitare. Mais, le plus beau est à venir lors des rappels. José Gonzalez reprend alors… “Small Town Boy” de Bronski Beat ! C’est Jimmy Sommerville qui rencontre Nick Drake ! Cette réinterprétation épurée et acoustique du tube dance (1983 pour les fans des années 80) est sublime. On a sans doute oublié que cette chanson raconte les misères vécues par le jeune Sommerville dans sa petite ville natale quand ses camarades apprennent son homosexualité. Toute la mélancolie de Sommerville est mise en valeur par José Gonzalez qui clôt en beauté son concert.

Tracklisting :

1. Deadweight on Velveteen

2. Hints

3. Titre non identifié.

4. Stay in the Shade

5. Lovestain

6. Heartbeats

7. Crosses

8. Titre non identifié (nouvelle chanson)

9. Hang On to You Heart de Kylie Minogue

10. Teardrop de Massive Attack

Rappels :

11. Send someone away (nouvelle chanson)

12. Small Town Boy de Bronski Bea