Un bel album de genre qui lie le son électrique des années 70 et les compositions très cinématographiques chères au post-rock pour un mélange d’ambiances et de couleurs assez réussi.


Ce quartet est en réalité un quintet : quatre orgues et une batterie. Formé initialement en septembre 1999 pour participer à une série de concerts improvisés à l’initiative de Kitchen Motors, un indéfinissable groupe-label-organisateur artistique islandais, dont Johan Johannsson, musicien de Apparat Organ Quartet, est un des membres fondateurs. Mais apparemment, ce projet n’a jamais vraiment abouti. L’envie leur vient alors de jouer leurs propres compositions avec cette structure de quatre organistes et ils accouchent d’un très réussi et simplement intitulé Apparat Organ Quartet.

La couverture de cet album donne le ton : cinq Playmobils, en avant plan d’un paysage lunaire, le ciel parsemé d’étoiles et de voiles de lumières, sorte d’aurores boréales. Sur l’arrière de la pochette, une machine, des prises électriques et pour éclairage, des ampoules. Le décor est planté. A l’écoute, on est quelque part entre Kraftwerk, Tortoise, et les Goblins à l’époque ou ils collaboraient sur les films de Dario Argento. Musique électronique où le Vocoder donne cette voix tellement « kraftwerkienne » et les sons aux modulations tantôt mélodiques tantôt mystérieuses, tantôt aériennes, tantôt énergiques. Musique proche du classique pour certaines compositions, rock, pop, jusqu’au rock progressif pour d’autres.

On plonge dans un monde imaginaire, peuplé de personnages à la voix mystérieuse, qui parlent de « cruise control », de « stereo rock’n’roll », qui gravitent dans des ambiances post-rock ou dans des univers proches des films d’horreur des années 70-80. C’est imagé, sombre ou coloré, bigarré. La matière, ce son issu des orgues, a un côté inévitablement passéiste tant il est attaché à une époque, mais la mise en forme reste en définitive proche du contemporain, et l’on n’est pas loin des Tortoise et autres Mogwai. Avec pour ciment ce son métallique qui maintient la cohérence sur la longueur de l’album. Les orchestrations sont riches, mais justifiées, on n’est jamais étouffé ni saoulé comme on pourrait facilement le craindre à l’idée d’un album entier sur base d’un quartet d’orgues. Les morceaux évoluent et nous emportent pour une belle promenade.

La question, après l’écoute de cet album, est : comment vont-ils envisager la suite ? Le risque, au vu de leur singularité, serait de s’enfermer dans un genre qui ne peut que devenir une sorte d’exercice de style vite rébarbatif. S’agit-il d’un « one shot » ou vont-ils perpétuer un genre ? Messieurs les Playmobils, la question est posée.