Non, nous n’avons pas inventé la machine à remonter le temps et nous ne sommes pas encore en mesure de vous livrer un compte-rendu détaillé du Festival de Dour. Cet article aurait plutôt dû s’intituler « Dans quelques semaines, nous aurons vu sur scène ».
Non loin de la frontière française, Dour est un petit village belge qui est désormais associé au festival du même nom . Au fil des années, Dour est devenu un des plus gros festivals en Belgique. Pourtant, à quelques exceptions près, il n’a jamais cherché à attirer des grands noms fédérateurs. Non, Dour est une grande messe alternative, étalée sur 4 jours durant lesquels pas moins de 240 petits et moyens groupes fouleront les planches de ses 6 scènes.
S’il en est arrivé là, c’est principalement grâce à son prix démocratique (cette année, il faudra compter seulement 70 EUR pour passer les 4 jours) qui permet aux spectateurs de ne pas jouer aux parfaits rentiers qui s’obligent à voir le plus de groupes possible, histoire de rentabiliser quelque peu leurs tickets. Non, à Dour, on arrive le coeur léger. Il règne une ambiance festive qui transforme le lieu en une sorte de Woodstock où beaucoup d’excès sont permis. Sur ce point, on pourrait facilement dire qu’en plus d’être un festival de musique alternative, Dour est aussi le festival de la pupille dilatée.
Cette année, fort de son premier « sold out » atteint l’année dernière, Dour a su attirer du beau monde et autant vous dire que si vous êtes un lecteur assidu de Pinkushion, vous aurez plus d’une raison pour vous y rendre. Pinkushion aura d’ailleurs son stand où les bières seront gratuites (non, c’est une blague, elle ne seront pas gratuites).
Histoire de vous convaincre, voici une toute petite sélection arbitraire et totalement subjective des quelques 240 groupes qui joueront durant ces 4 jours.
Jeudi 13/07
Journée dévolue principalement à l’électronique, Dour recevra les plus beaux outsiders de la scène punk rock anglaise.
Sur « The Last Arena », la grande scène, Primal Scream qui, après deux albums dévastateurs faisant un mélange sans commune mesure de rock et d’électro, viendra défendre Rock City Blues, son dernier poulain qui renoue avec un rock n’roll plus stonien (et, soyons honnête, nettement médiocre). Juste avant eux Paul Smith avec Maximo Park aura à confirmer son statut de bête de scène, et les Infadels nous montreront bien s’ils sont de si fameuses bêtes de scène que ça. Quant à Art Brut, le concurrent le plus sérieux de Franz Ferdinand, il aura à démontrer qu’il n’est pas dénué d’humour.
Dans un autre genre, plus loin, sur les planches de « La Petite Maison dans la Prairie », Hallo Kosmo, projet récréatif du bassiste des Girls In Hawaii, viendra confirmer le bien qu’on pense de lui depuis les dernières Nuits Botanique. Peu après, Poni Hoax tentera de nous vendre son imparable et éclectique premier album alliant rock, disco et bien d’autres genres. Plus tard dans la nuit, Nathan Fake ravira les nostalgiques de My Bloody Valentine et les fans de M83.
Au bien nommé « Dance Hall », on pourra se trémousser sur le DJ set de la grenobloise Miss Kittin, après s’être déhanchés sur celui d’Ellen Allien. A moins que l’on préfère les légendaires Roni Size à l »Eatpack stage ».
Vendredi 14/07
S’il y aura une journée à retenir, ce sera sûrement celle-là, car les planches de « The Red Frequency Stage », la deuxième grande scène, seront foulées par du beau monde.
Question: où vont-ils chercher des noms de scènes aussi débiles ?
A tout seigneur tout honneur, commençons par le pavé qu’est Mike Patton, un habitué du festival, qui pour une fois ne viendra pas nous martyriser les tympans avec un de ses projets hardcore. Il présentéra Peeping Tom, son projet électro-pop-rock avec sa multitude d’invités de luxe. Ensuite, Mercury Rev viendra enflammer son répertoire. Certains se souviennent peut-être qu’en 1995, il s’était déjà produit sur la même scène (à l’époque, je crois qu’elle portait le nom plus sobre de « Second stage »). Il avait signé une prestation électrisante qui en avait terrassé plus d’un. Depuis lors, son répertoire a quelque peu évolué et lorgne du côté du rock progressif. Reste que pour l’avoir vu l’année dernière, on certifie qu’il reste tout bonnement exceptionnel. En tête d’affiche, Fischerspooner nous livrera une de ces prestations flamboyantes dont il a le secret. On se souvient de leur concert au Pukkelpop de l’année dernière. Avant toute cette bien jolie clique, Zita Zwoon aura sans doute confirmé qu’il est bien un des meilleurs groupes belges sur scène.
Ailleurs, dans le « Dance Hall », signalons que Katerine viendra afficher son enthousiasmante nonchalance et interpréter sûrement un ou deux « J’adore ». Peu après, les Autrichiens de Bauchklang nous auront montré qu’ils ont toujours autant de souffle en jouant leur hip-hop assassin 100% buccal.
Samedi 15/07
Sur les planches de « The Last Arena », après deux groupes belges vraiment en devenir à ne pas rater (Two-Star Hotel et Hitch), les véritables survivants de la vague grunge que sont Mudhoney viendront confirmer leur retour en forme. Under a Billion Suns, leur dernier album, est vraiment au-dessus de la moyenne. C’est ensuite de véritables légendes du reggae, The Congos, qui viendront hypnotiser la foule. Avant l’africain Tiken Jah Fakoly.
Sur celles de « The Red Frequency Stage », An Piérlé viendra faire étalage de tout son talent et de son charme comme elle avait si bien fait aux dernières Nuits Botanique. Archive suivra de près et tentera de nous convaincre qu’il a encore un futur (ici, on y croit plus trop).
Dans le « Dance Hall », le bien nommé Colder nous fera danser avec son electro-new-wave résolument nostalgique. Plus tard, I am X poursuivra dans cette lignée.
Enfin, dans « La Petite Maison dans la pairie », on aura l’occasion de vérifier si on a eu raison de parier autant d’argent sur Eagle*Seagul. On ne se lasse vraiment pas de leur premier album, synthèse parfaite de tout ce qu’on a fait de mieux ces dernières années: Arcade Fire, Wolf Parade, The Dears, Bright Eyes, Grandaddy ou encore Pavement. Quelque temps après, Troy von Balthazar nous gratifiera d’une de ses prestations un peu folle dont il a secret et Arab Strap nous plongera dans cette mélancolie torturée qui le caractérise si bien.
Dimanche 16/07
En général, le dernier jour de Dour a toujours ce petit air de « jour des morts-vivants ». Minés par la fatigue, les spectateurs errent difficilement d’une scène à l’autre. Pendant que certains font l’inventaire pour voir s’ils auront de quoi tenir jusqu’au bout, certains abdiquent et plient bagages.
Pour sortir les survivants de leur torpeur, les organisateurs ont prévu deux lourdes références sur la grande scène. Heavy Trash, nouveau projet de Jon Spencer, nous promet de laisser des lésions à nos tympans et The Dandy Warhols nous servira une de ces prestations bordéliques (après les « Mother fuckers from Hell » que sont les Datsuns et Nada Surf, chouchous du public belge) où il tentera vaille que vaille de jouer son fulgurant rock psychédélique.
La bâche de « La Petite Maison dans la Prairie » abritera du beau monde. Nervous Cabaret tout d’abord, qui traînent derrière eux une belle réputation sur scène. Les très sérieux Mono et les grandiloquents And You Will Know Us As The Trail of Dead tenteront de démontrer que le post-rock pur et dur a encore un avenir. Entre les deux, le folk chamanique d’Animal Collective aura transformé la maison en tipi et deux groupes donneront un léger air d’Arcade Fire à la programmation. Final Fantasy, projet solo du violoniste des célèbres canadiens d’Arcade Fire, nous bluffera à nouveau en faisant étalage de tout ce qu’il sait faire seul au violon. Bell Orchestre qui compte deux ou trois membres d’Arcade Fire, jouera son post-rock principalement acoustique.
Plus loin, l’insalissable trublion d’Adam Green viendra égayer le chapiteau du « Club-Circuit Marquee ».
– Le site du Festival du Dour.
– Lire la chronique de Evil Heat de Primal Scream
– Lire la chronique de We are not the Infadels de Infadels
– Lire la chronique de Peeping Tom de Peeping Tom
– Lire la chronique de The Secret Migration de Mercury Rev
– Lire la chronique de Odissey de Fischerspooner
– Lire la chronique de Camera Concert/A band in a box de Zita Swoon
– Lire la chronique de An Pierlé & White Velvet de An Pierlé & White Velvet
– Lire la chronique de Kiss + Swallow de I Am X
– Lire la chronique de Eagle*Seagull de Eagle*Seagull
– Lire la chronique de Troy von Balthazar de Troy von Balthazar
– Lire la chronique de Worlds Apart de And You Will Know Us By The Trail of Dead
– Lire la chronique de Has A Good Home de Final Fantasy.
– Lire la chronique Feels
– Lire la chronique de Jacket Full Of Danger d’Adam Green