Jack White, sans Meg, mais au sein d’un vrai groupe. Le résultat ne déçoit pas du tout.


Les projets parallèles sont souvent vus comme une extension de l’ego surdimensionné d’une – déjà – mégastar, mais parfois, on peut trouver quelques surprises. Notons récemment Gorillaz, dont la vente d’albums a dépassé celle de Blur (ce qui n’est quand même pas mal) ou feu A Perfect Circle, emmené par l’obscur mais excellent chanteur de Tool, Maynard James Keenan.

Ici, la mégastar est bien présente : Jack White, leader des White Stripes, et à ses heures perdues boxeur amateur et publicitaire pour Coca-Cola. Á ses côtés, nous retrouvons non pas sa fausse soeur vraie ex-femme Meg, mais des potes de Detroit : le singer-songwriter Brendan Benson ainsi que la section rythmique des Greenhornes. Le but étant que Jack retrouve l’anonymat d’un groupe où il partage le chant, la guitare et l’écriture.

C’est donc avec une surprise relative qu’on découvre le premier single, et morceau d’ouverture : « Steady, As She Goes ». Le titre est excellent, mais il aurait facilement pu sortir du catalogue White Stripes (le ligne de basse fait très « Seven Nation Army »). Ceci dit, il ne s’agit que d’une fausse impression, pour deux raisons. D’abord, c’est le seul de ce type sur l’album, ensuite, ici on a une vraie basse, et pas la guitare modifiée de White. D’ailleurs, on a aussi une vraie batterie, et pas une mauvaise Moe Tucker qui tape sur ses fûts comme un bûcheron canadien.

Jack White montre l’étendue de son immense talent de guitariste en affrontant Benson, pas un manchot non plus, sur des brûlots blues-rock comme « Level », ou « Store Bought Bones ». De plus, il se permet des fantaisies intéressantes tant avec sa voix (il va finir par chanter aussi haut que Justin Darkness Hawkins) que par les morceaux eux-mêmes : la chanson-titre comporte un rythme qui ressemble vaguement à une gigue irlandaise jouée par un groupe de polka polonaise. Et si, c’est une bonne chose. Plus loin, le groupe s’essaie à l’alt-country, avec autant de réussite, et le morceau final, « Blue Veins », trouverait sa place sur la première face d’Abbey Road.

L’album ne révolutionnera pas le monde (mais les White Stripes ne l’ont jamais fait non plus) mais il est excellent pour ce qu’il est, à savoir un nouveau moyen d’expression pour un des plus grands talents contemporains, qui trouve ici des partenaires à sa taille. Espérons que The Raconteurs ne restera pas un simple one shot, car Jack White semble vraiment à l’aise au sein d’un «vrai» groupe, pour notre plus grand bonheur.