Je suis fier de toi, comme une pute de son mac. Je suis à genoux : viens, amour, attaque…


Voilà les premières paroles du CD : une déclaration d’amour brut de décoffrage prenant un goût acidulé des plus exquis dans la bouche de celle que l’on aurait tort de classer dans la catégorie « tubes d’un jour » avec le super hit « Toi mon toit » ou « À bailar calypso ». Ce serait bien mal connaître Elli Medeiros. Cette uruguayenne, française d’adoption, a bel et bien démarré dans un groupe punk, qui a même eu son heure de gloire à Londres : les Stinky Toys, en pleine explosion punk, en 1976. Après trois ans, le groupe se disloque. Elli et son guitariste, Jacno, forment le duo techno-pop Elli & Jacno, qui sortira tout de même trois albums, dont la bande sonore du film de Rohmer Les nuits de la pleine lune.

Mais Elli, admettons-le, on la connaît surtout pour son tube de 86 et sa carrière de comédienne, au théâtre et au cinéma. Normal finalement, puisque c’est l’art dramatique qui l’a d’abord attiré dans son cursus. Me souvenant du refrain et du clip de « Toi mon toit » mais pas vraiment du décor sonore, je suis allé (re)voir la chose. Etonnant, car je ne me souvenais pas d’une qualité indéniable de ce petit tube, que de véritables cuivres viennent agrémenter, à une époque où le faux était pourtant la norme, tous synthés en avant. On retiendra de cette période sa personnalité festive et son sourire pétillant.

Les années ont passé, et musicalement parlant cela fait 20 ans qu’on n’entendait guère plus la désormais maman quarantenaire. On l’avait oublié. A tort.

L’album renoue avec ses racines punk, et ce dès le titre d’ouverture, « Soulève-moi », assez proche du style d’une autre actrice que l’on voit fouler les scènes des festivals : Juliette Lewis. Les titres qui suivent sont un méli mélo de toutes ces influences passées (reggae, rock, latin) et elle jongle avec les langues (anglais, français, espagnol). Quant aux paroles mélodramatiques, elle les tient probablement de ses origines latines (« Melancolia », « Otoño Mío », « La Cruz Del Sur »), soulignées par un accent du cru (elle a également vécu en Argentine). On se surprend à se laisser amadouer par des mélodies efficaces et un band talentueux, avec un son crade qui souligne un côté rock assumé et sincère. « More Than Me », par exemple, semble avoir été chipé à Iggy Pop (que la pochette peut également évoquer – période American caesar). La qualité exécutoire – un son en prise live – de plusieurs titres enlevés est assez remarquable. C’est le format ballade qui prédomine cependant, sans jamais tomber ni dans la facilité ni dans le larmoyant (et ce, dirons les mauvaises langues, malgré les compositions signées Dimitri Tikovoï – à qui l’on doit le dernier Placebo).

Seul bémol dans un album franchement au-dessus du lot, un duo avec Etienne Daho (ami d’enfance d’Elli et instigateur/producteur de l’album), la reprise de Cole Porter « My Heart Belongs To Daddy ».

Ne finissons cependant pas cette chronique sur cette note tristounette, et répétons que l’album est vraiment étonnant et vaut qu’on s’y attarde.

– Le site d’Elli Medeiros
– La page My Space