Masqué comme un lutteur de lucha libre, Sergent Garcia nous rappelle plus que jamais la belle époque de Un Poquito Quemao. En hora buena.


Bruno Garcia (Sergent Garcia étant son nom de scène, en plus d’être un clin d’oeil à qui l’on sait) nous revient après trois ans et déjà quatre albums. Son mélange de musique latine (salsa, son) et de reggae, appelé par d’aucuns reggaeton ou salsa muffin, chanté en français, espagnol et anglais a fait des ravages, et continuera à en faire, en ces temps de globalisation, mettant en exergue à la fois ses atouts et dénonçant ses injustices.

Tout comme Manu Chao, habitué du genre et abonné du forum altermondialiste, il faut chercher les photos d’archive de Garcia dans le punk franchouillard des années 80, avec les mythiques Ludwig Von 88. Tout comme le chanteur de feu Mano Negra, c’est un mélange de musique festive et d’engagement alter-mondialiste qui compose la recette et fait danser les foules. Ses rencontres, mais aussi le fait d’être très bien entouré par toute une bande de musiciens (cuivres et percussions en sus du traditionnel batterie-basse) feront le reste : authenticité et bonne humeur.

Après un premier album tâtonnant (Viva Il Sargento), puis l’excellent Un Poquito Quema’o, certains, dont votre serviteur, seront déçus par Sin Fronteras et La Semilla Escondida, y voyant plutôt l’exploration jusqu’à plus faim d’une recette qui manque d’une véritable démarche évolutive. Déçu aussi par les concerts, l’effet de surprise envolé. Alors, forcément, on l’avait un peu oublié le Sergent, jusqu’à le zapper au dernier Couleur Café (enfin, il y avait Lee Scratch Perry en même temps alors…).

C’est donc avec une certaine indifférence que ce Mascaras est accueilli. Très vite pourtant, on remarque que ce qui avait tant plu chez lui, à l’époque de Un Poquito Quema’o, est de retour, et comment ! Cette même basse chaude, ces mêmes envolées raggamuffin, ces mêmes trompettes festives. On prend son pied, quoi. La cumbia, c’est à dire la salsa à la sauce (sic) colombienne et quelques emprunts à la culture mexicaine (le producteur Toy Hernandez, grand hip hop maestro de Control Machete, amènera le Sergent à faire le voyage). Le résultat est détonnant, offrant à la fois des titres bailables et collant un gros sourire au visage.

Un peu comme on s’attend à trouver, dans une pizzeria, des pizzas, on a droit à des paroles engagées et thématiques de circonstance. D’un côté « Si Solo Fue Yo Un Pajaro » et « Guntanamo City » relatent le problème de l’immigration mexicaine aux Etats-Unis et la prison in no man’s land, de l’autre « Pintame » ou « Yo Me Voy Pa’ La Cumbia » exploitent les soucis sous les cieux qui vont, en gros, de Tijuana à Buenos Aires en passant par La Havane et Cartagène des Indes. Si on n’est pas allergique à la chose, ou, mieux, si on ne maîtrise pas très bien les langues étrangères, ces détails ne devraient pas vous arrêter. Ces quatre titres se ressemblent par contre beaucoup dans ce cocktail explosif de genres tropicaux.

Enfin, « El Camion No Para », l’instrumental qui clôture la galleta, nous amène du côté de Mongo Santamaria, pour notre plus grand plaisir.

– Le site de Sergent Garcia