Après le lumineux piano à quatre mains de Marc Copland & Bill Carrothers, puis la quête d’éternité de René Urtreger, ce troisième volume de la collection « Standard Visit » met à l’honneur le piano solitaire de Bruno Angelini, et prouve une fois de plus que pour le label Minium, extrême musicalité rime avec originalité. Never Alone est une sorte de remake pianistique, un projet audacieux conçu comme une relecture à la fois fidèle et personnelle du célèbre The Newest Sound Around de Jeanne Lee & Ran Blake. A l’exception de “Evil Blues”, curieusement absent, et du rajout de “Left Alone” (présent ultérieurement sur l’édition du disque parue aux USA en 1987), Angelini respecte l’ordre d’apparition des morceaux issus du chef-d’oeuvre originel enregistré en 1961. Un respect chronologique qui n’entache pas sa liberté d’action et d’“immersion” (c’est le nom du titre qui ouvre l’album), vécue comme un incessant jeu avec soi-même. Suite malicieuse de reprises de reprises (l’album de Jeanne Lee & Ran Blake étant déjà en effet une magnifique réinterprétation/appropriation de standards), Never Alone éclaire une Histoire, celle d’un jazz gravé dans les mémoires qui, décidemment, ne veut pas passer – mais qui s’en plaindra ? -, tout autant qu’il s’imprègne d’une histoire personnelle dont les notes égrenées sont le plus précieux réceptacle. Au croisement du connu et de l’inconnu, dans les silences et les délicates correspondances entre les morceaux, gît une émotion de musicien sensible et concerné, des plus bouleversantes.
– Le site de Bruno Angelini.
– Le site de Minium.
– A écouter : “Summertime”.