Scalde : un nom qui débute comme un «scalp», mais en plus doux. Parfait pour ce musicien lyonnais, dont la précision n’a d’égal que le raffinement. A vrai dire, il faut chercher l’origine de ce nom dans la poésie scandinave médiévale, à l’époque où le scalde – le poète – délivrait des vers à la gloire de héros valeureux. Si Scalde – l’artiste français qui motive cet article, donc – est assez loin de cet héroïsme mythique, il a indéniablement conservé une part de ce lyrisme que seuls les poètes savent suggérer, donnant à Poperetta un air de recueil inspiré. L’ouverture, “Poperetta”, grandiose, voit Scalde côtoyer de près le flegme d’un Perry Blake : sa voix de velours se pose sur une boîte à rythme, des nappes synthétiques et un gimmick au carillon. Le lyrisme atteint rapidement un degré supérieur sur “Virgin Places”, grâce à une ligne de basse entêtante et des choeurs soyeux. La figure de Robert Wyatt passe fugitivement (“Ravin”’, “Ominous”) tandis que “Les Eaux Profondes”, seul titre en français, se profile comme un exercice de style réussi, à la manière de cette image de dandy nonchalent que le chanteur renvoie. Scalde a donc relevé le pari d’une musique tout en retenue qui promet de peupler pour longtemps nos rêveries les plus introspectives.