Mine de rien, Isobel Campbell nous offre un monument du neo-folk d’une sensibilité rare. Loin de la hype actuelle.


Il faut savoir que ce troisième album d’Isobel Campbell a été conçu principalement en même temps que l’acclamé Ballads of the Broken Seas avec Mark Lanegan. Alors qu’on ne l’attendait pas spécialement sur ce terrain-là, c’est dans le folk traditionnel (dans ce qu’il a de punk précise-t-elle, citant Shirley Collins, Anne Briggs et Jean Ritchie), voire satanique (dixit son ingénieur du son spécialisé pourtant dans le dark metal), qu’évolue son recueil.

Qualifiant ses chansons de ballades psychédéliques, l’ex-Belle & Sebastian a donc exploré un style qui a – c’est le moins que l’on puisse dire – le vent en poupe. Enregistré avec peu de moyens (une bête guitare sèche le plus souvent, l’harmonica en option bien sûr), l’album met en relief la voix d’Isobel mais aussi des instruments majestueux comme le violoncelle (joué par elle, superbe sur le titre éponyme), les arpèges ou les tambourins et autres percussions. Il y a sur certains morceaux instrumentaux une véritable magie et un parfum d’automne qui tombe à pic (« James »). On pense même à Barry Lyndon sur « Over The Wheat & The Barley ».

Ce qui frappe au prime abord, c’est la sérénité avec laquelle s’écoute l’album. Sans fioritures, la voix de la belle en sort magnifiée souvent, au bord de l’abîme parfois. Le timbre et le chant – par moments faux – en rebuteront certains si on ne prête attention à la fragilité nostalgique des thèmes évoqués.

C’est notamment sur la comptine « Beggar Wiseman or Thief » que l’on craque complètement. Sans nul doute une des chansons les plus touchantes de son répertoire, chantée quasiment en a capella. Et ici, les défauts que l’on pourrait souligner par ailleurs dans sa manière de chanter prennent tout leur sens, amenant sans crier gare des larmes au bord des yeux. Quand un disque procure cet effet-là, il n’y a plus rien à ajouter, si ?

– Le site d’Isobel Campbell