Songs From Before marque le retour au premier plan du musicien et compositeur allemand Max Richter. Après avoir arrangé et produit le dernier disque de Vashti Bunyan (Lookaftering, sorti en 2005), ce dernier donne une suite éblouissante à ses premiers ablums (Memoryhouse et The Blue Notebooks), deux livres de sons de toute beauté, parcourus d’une tristesse infinie. En compagnie de Robert Wyatt qui, ponctuellement, entre deux morceaux, vient avec sa voix suave tourner les pages de ce nouveau recueil tout en récitant des vers de l’auteur japonais Haruki Murakami, Max Richter élabore des paysages sonores narratifs d’où émane une poésie troublante. Influencé par le néo-romantisme (il a travaillé avec Arvo Pärt, Philip Glass, Julia Wolfe et Steve Reich), ses compositions se distinguent de celles de ses aînés par une conception du son hautement élaborée. Enjeux majeur de cette musique qui flirte parfois avec les limites d’une mélancolie policée, la profondeur de champ sonore est exploitée par Richter dans toute son étendue et ses possibilités plastiques. Songs From Before peut s’entendre comme l’éloge vibrant à un espace mémoriel fantasmé, agencé de sorte à matérialiser différentes strates de temps (grand thème du pianiste allemand) susceptibles de laisser s’échapper des souvenirs musicaux impérissables. Violoncelle, violon, alto, piano et électronique sont ainsi associés ou isolés, intériorisés ou extériorisés, émergent en avant ou grondent en retrait dans un ensemble sonore unifié, superbement nuancé et plus émouvant à chaque nouvelle écoute. Vivement recommandé.
– Le site de Max Richter.