Paint A Lady est une réédition miraculeuse, un petit chef-d’oeuvre inconnu de psychedelic folk-funk sorti initialement en 1970, sous la seule forme de trois copies. Jugé à l’époque bizarrement invendable, cet album produit par Jon Hill (Pacific Gas and Electric, Children Of All Ages) conserve une patine qui le rend à la fois poussiéreux et aussi contemporain que certains albums enregistrés dans le cadre de l’acid folk ou du folk progressif (on pense notamment aux récentes sorties de groupes comme Espers, Vetiver, Cyann and Ben, etc.). Le son ferrailleux de la guitare saturée, magnifiquement rendu, apporte par exemple ce supplément de rugosité qui traverse les décennies sans prendre trop de rides tout en nous replongeant dans les volcans électriques d’une époque révolue. Au chant, Susan Christie vole au-dessus des compositions de Bill Soden comme un oiseau rare qui migrerait vers d’illusoires contrées paradisiaques tout en se sachant par avance condamné à un destin tragique. Sur “Yesterday, Where’s My Mind”, elle déverse même pendant plus de neuf minutes une souffrance d’écorché vif teintée de folie sous LSD, qui n’est pas sans évoquer le registre incandescent de Janis Joplin. Mais elle peut également se montrer plus sensuelle et radieuse, comme sur les deux derniers morceaux, “When Love Comes” et “No One Can Hear You Cry”, qui s’adossent à des mélodies moirées serties d’arrangements popisants. Le genre de pépites musicales inestimables que les soirs de fête on se délecte de sortir de notre malle aux trésors pour les faire écouter à nos convives les plus curieux.

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