Pas de pot : un album de rock est très bon mais qui se suffit à lui-même. On s’en voudrait pourtant de ne pas en parler.


Groupe franchement inconnu dans nos contrées européennes, le duo (Jerry Busher et James Canty) devenu trio (Ben Gilligan) porte vraiment bien son nom. French Toast est, en Amérique, ce que l’on appelle pain américain ou encore pain perdu chez nous. Allez savoir d’où viennent ces expressions bizarres qui n’ont souvent rien à voir avec l’origine réelle de la chose en question…

Ceci étant dit, force est de reconnaître qu’il est quasiment impossible de classer ce que fait ce trio originaire de Washington DC (allez, si, au pif, post-punk ?). En activité depuis déjà 5 ans, la biographie du groupe se contente de citer les groupes précédents auxquels ont appartenu les trois lascards (dont les légendaires Make Up, All Scars ou les respectueux Fugazi). Sans parler des groupes dont ils ont couvert les premières parties – information qui n’est pas des plus indispensables ni des plus éclairantes (Electrelane, Wilco, Bloc Party,Mono…). Enfin, on apprendra que l’album est produit et enregistré par un membre – Brendan Canty – de Fugazi (et peut-être aussi du club de tennis de Seattle)… Ah, j’oubliais : « dans son tout nouveau studio ». Who cares ? Pourquoi pas, tant qu’on y est, ce qu’ils y ont bouffé, bu, fumé, inhalé, et plus si affinités ?

L’album, un peu à la façon des oeuvres d’art abstrait qu’il met en exergue sur la pochette et dans le livret – une image est souvent plus parlante que tous les discours du monde – intrigue. De prime abord, on n’accroche pas (la musique, pas la peinture), mais sans savoir pourquoi, on se dit qu’il faudra bien y jeter une oreille encore une fois, fut-elle discrète. Petit à petit, on se surprend à l’écouter en boucle, à ne pas se lasser, à ne pas vouloir l’enlever du lecteur (dieu sait pourtant qu’on se bouscule au portillon) et à vraiment prendre son pied.

Mélange bizarre mais ô combien varié de la musique britannique d’antan à la Joy Division (« Protest Sign »; « Treason »), de rock-punk puissant à la Secret Machines, mais également d’étincelles aussi disparates que celles de U2, Q and not U ou Dandy Warhols (« USSBS »), avouez qu’il y a de quoi risquer l’indigestion. Comme si cela ne suffisait pas, on a droit à un « Took You For Strong » qui rappelle tout le bien que l’on pensait jadis de Primal Scream.

Pour conclure : on l’écoute non-stop et on ne s’en lasse pas. C’est assez rare pour être signalé.

– Le site du groupe