Un an après la sortie de I comme Icare, Nicola Folmer nous revient avec un disque au titre – Fluide – on ne peut plus révélateur (et à la pochette on ne peut plus ringarde). De fluidité il sera donc question ici, un credo pointé d’emblée comme pour annoncer la volonté du jeune musicien (27 ans) de privilégier cette fois-ci la complicité et la cohésion de groupe, plutôt que l’exécution virtuose qui avait entaché la réussite de son premier album prometteur mais relativement désincarné. Accompagné d’un trio rythmique vigoureux, à géométrie variable (Jérôme Regard à la contrebasse, Thomas Grimmonprez/Stéphane Huchard successivement à la batterie), et d’un pianiste volubile mais constamment juste et disponible (Pierre-Alain Gouach qui cède son instrument au leader sur le dernier morceau, “Le Grand voyage”), le trompettiste mène ardemment la danse, avec toujours quelques excès de zèle dans la variation des timbres, tempérés toutefois par un sens de l’attaque et du placement souvent surprenants (de ce point de vue les titres enlevés sont plus enthousiasmants que les ballades). Plus touchante et pertinente que par le passé, l’inspiration de Nicola Folmer se fait vagabonde le long des douze compositions toutes signées de sa main, puisant sa source du côté de la Réunion, de Caracas ou Toulon. Kaléidoscopique, ce jazz a l’audace de s’aventurer subtilement hors de ses frontières européennes sans se grimer de couleurs trop exotiques, gardant une unité dans le propos et une cohérence dans la démarche qui, à défaut d’être encore totalement originales, retiennent déjà l’attention.
– Le site de Cristal Records.