Ah ah ah ! CYHSY ! Ah ah ah ! Tu veux rire ? Allez, mets l’album qu’on rigole ! Ah ah… euh… attends… remets ce morceau… celui-là aussi. Non, remets l’album. Non, non, je ne ris plus, en effet.
Une précision d’entrée de jeu : je ne fais pas partie de ceux qui sont tombés dans le chaudron tout chaud des Clap Your Hands Say Yeah ! Non, à l’époque, j’ai trouvé l’album du même nom passable, sans plus, et après les singles, suis vite passé à autre chose. Entendre les autres se plaindre de leurs prestations live ne faisait que conforter mon opinion qu’il y avait probablement eu surchauffe.
En effet, rappelez-vous : un groupe monté en mayonnaise grâce à une hype partie d’un blog semblait plus participer du phénomène de la sphère émergente des blogs et de leur pouvoir que de la véritable aura des « auto-produits » CYHSY . C’est donc avec une moue certaine que j’ai accueilli ce deuxième album. Pas besoin d’expliquer ici l’importance de celui-ci, plutôt destiné à prêcher les convaincus qu’à envahir de nouvelles terres. Attendue au tournant, la bande de new-yorkais débarque donc avec un album produit par Dave Fridmann (Flaming Lips, Mercury Rev), que l’on pourrait qualifier de prise de risque, pour ne pas dire de casse-gueule. Tout ce qu’on aime, quoi !
Dès le titre d’ouverture, éponyme, on a droit à une salve de sons complètement saturés qui aguiche et désarçonne à la fois. L’album part ensuite dans tous les sens, surprenant sans cesse, passant de la ballade folkeuse crasseuse (« Emily Jean Stock ») au titre typiquement Talking Heads (oui, la voix du chanteur Alec Ounsworth rappelle toujours et encore David Byrne), à des ritournelles qui donnent le tournis, des titres « tiroir-caisse » fourre-tout qui partent dans tous les sens, avec un sens (sic) de la créativité très revigorant – on pense à « Mama, Won’t You Keep Them Castles in the Air and Burning ? » ou à « Underwater (You and Me) » qui remettent au goût du jour (folk-indie) le concept de Radiohead et de leur « Karma Police ». Rappelons à ce propos que le groupe anglais est l’une de leurs grosses références déclarées, ceci expliquant probablement cela.
Sur « Love Song no 7 », on n’a pas hésité à siffloter, à sortir le piano de saloon ou les choeurs. « Satan and Dance » est le titre dansant qui rappelle le plus leur premier opus. Il est aussi le plus classique. L’accordéon, entre autres instruments, de « Upon Encountering the Crippled Elephant » interpelle leur côté musique de foire (ou de cirque), et les chipotages électro de « Goodbye to Mother andThe Cove » démontrent qu’ils sont vraiment imprévisibles, fouillant tous les styles imaginables. Le tableau ne serait pas complet sans évoquer les casseroles ou les cloches que l’on croit entendre par moments. L’année dernière, Neil Young, Thom Yorke ou David Byrne étaient, disait-on, dans l’ombre. S’ajoute ici le chanteur des Violent Femmes (particulièrement, dans le style même, la période Hollow ground), avec « Arm and Hammer ».
Enfin, « Five Easy Pieces », rengaine géante folk comprenant tout l’attirail de circonstance (harmonica, cimballes, guitare sèche, accordéon, basse, cris plaintifs) ensorcelle de telle manière que l’on se surprend à appuyer sur repeat. On ne se lasse pas de ce disque, qu’on laisse tourner, tourner, tourner… Qui l’eut cru ? C’est la première – bonne – surprise de l’année.
– Le site de Clap Your Hands Say Yeah