Voilà belle lurette qu’un album de reggae – qui plus est signé par des français – ne nous avait pas autant stimulé. Six ans se sont écoulés entre Sings and Plays et World Wide Reggae, mais la verve instrumentale des huit membres de Faya Dub, entretenue sur les scènes du monde entier (Angleterre, Bosnie, Belgique, Guyane…) aux côtés des pontes du genre (The Last Poets, Horace Andy, Tony Allen, Magic Malik, Touré Kunda, etc.), n’a rien perdu de sa suprême flamboyance. Ici les mots ont la bonne idée de laisser leur place toute chaude aux instruments (saxophones, trombones, guitares, basse, percussions, claviers et batterie), explorateurs aguerris qui arpentent sans relâche les dénivelés d’un reggae se refusant à toute platitude. Question de recul et de perspectives. Avec Faya Dub, le reggae résonne bien au-delà de ses frontières et voit large sans s’écouter jouer. Jazz, rock steady, afrobeat, ska, dub, funk, salsa viennent en filigrane lui donner le change et composer la bande son d’un voyage pas vraiment touristique, dont les différentes étapes (onze au total) constituent un itinéraire certes balisé mais pourtant constamment surprenant. Avec l’alangui “Bosnia”, le groupe s’échappe même sur les terres de l’Europe de l’Est et offre un morceau d’une grande subtilité harmonique, à la teneur climatique quasi cinématographique. Finalement moins destiné à se consommer sur les Dance Floor qu’à renaître lors de multiples dégustations patientes, World Wide Reggae est un cocktail soigné dont le groove et les tonalités variées ne cessent de susciter l’intérêt.
– Le site de Faya Dub.
– Le site de No Format!.