L’impact est immédiat, dès l’entrée en scène de la batterie, pétaradante, sur le bien nommé “Funky Dilla” – un morceau dédié à J Dilla, le producteur de A Tribe Called Quest et Common, récemment disparu. Le ton est ainsi donné : Big Boogaloo sera un album enjoué, jubilatoire, puissant et séduisant. Entraînant surtout. Louons chez Eric Legnini cet art du groove qui fait mouche, de la composition accrocheuse à forte teneur en soul-jazz. Dans la continuité du remarquable Miss Soul (2006), le titre et la pochette de ce second opus pointent l’effervescence rythmique des années 60, lorsque le rhythm’n’blues s’acoquinait avec le mambo pour des parties de jambes en l’air mouvementées et faisait danser jusqu’à plus soif le public afro-américain dans les caves. Plus précisément, l’album se veut un hommage à une figure emblématique de cette époque, le pianiste et chanteur Les McCann (né en 1935, auteur du hit “Swiss Movement” en 1968), repris en toute fin d’album avec le génial “The Preacher”. Respectueux de cette époque fiévreuse, Eric Legnini et sa cohorte de musiciens (Franck Agulhon à la batterie, Mathias Allamane et Rosario Bonaccorson à la contrebasse, Stéphane Belmondo à la trompette-bugle et Julien Lourau au saxophone ténor), bizarrement présentés sous la forme d’un trio (le groupe évoluant pourtant plusieurs fois sous la forme d’un quartet), ne se complaisent pas pour autant dans une nostalgie paresseuse. Ils présentent au contraire un éventail sonore d’un grand dynamisme, tout en remettant au goût du jour une aspiration à la danse tous azimuts qui, au fond, vaut bon nombre de discours.
– Le site de Label Bleu.