Derrière Hey Gravity ! se cache en fait M.A.S.S. La nouvelle formation anglaise de la furie Justine Berry nous offre un album punk’n’pop sautillant mais qui tombe parfois dans la facilité.
Troquer le nom de son groupe après un premier opus, voilà un pari plutôt risqué. On sait très bien que les deux ou trois fans étourdis au fond de la classe à côté de la fenêtre vont se paumer en route. Mais M.A.S.S. voulait aller de l’avant, trouvait que ses chansons, plus fraîches, ne sonnaient plus comme… M.A.S.S. Du coup, on vire de bord. Le quartet Justine Berry (chant), Andy Miller (guitare, chant), Paul Hegland (basse) et Stuart MacMillan (batterie) est devenu quintet avec l’arrivée de Anna Hall (guitare, chant) et a pris le nom de l’une de ses anciennes chansons. Hey Gravity ! est né.
Enregistré à San Francisco avec Jeff Saltzman (producteur notamment de Hot Fuss des Killers, de Set You Free des Black Keys et de The Throes de Two Gallants) et Mark Plati (un ancien guitariste de David Bowie, le pire selon certains) et distribué par le label français Dad Records, Risen est un disque inégal, comme ces voitures qui partent en trombe au feu vert pour mieux piler à celui qui se trouve 100 mètres plus loin.
La formidable voix de la fougueuse Justine Berry, qui distribue tantôt claques, tantôt caresses, nous aide bien sûr à faire le lien avec M.A.S.S. La belle énergie rock de la fofolle nous rappelle Queen Adreena, Debbie Harry de Blondie, Karen O des Yeah Yeah Yeahs ou encore Chrissie Hynde des Pretenders. Cette petite pile est accompagnée de guitares électriques aux riffs puissants et effrénés. Simple et efficace. Et l’on obtient alors un son proche de celui des Distillers ou des Grates.
Quand le groupe entame l’album à fond les ballons, on en prend plein les esgourdes. Le survitaminé « Risen (She Said) » est suivi du puissant « Slipping Thru The Cracks ». Une attaque imparable qui donne des ailes et une irrépressible envie de sauter et de brailler. De même, « Part Time Punk », « Inside Out » et son empreinte très Long Blondes, et enfin « Wake Up », qui clôt l’album, sont de vrais excitants qui compensent leurs carences mélodiques par une énergie de tous les instants. Entre temps, Justine Berry nous la joue Joanna Newsom sur le refrain de « Bird In A Cage » avec une voix miaulante. Plutôt réussi.
Malheureusement, Risen montre ses limites, s’épuise sur la durée. Hormis le sympathique (mais pas plus) « Scumbag », le reste de l’album est assez insipide. Trop brouillon, trop facile, trop prévisible et parfois décevant. Y compris le duo avec Eamon Hamilton de Brakes sur le titre “Everything”.
Au final, si l’album est bancal, l’essai est tout de même intéressant et constitue une promesse pour la suite. Simplement car Hey Gravity ! et sa « Girl with attitude » Justine Berry semblent assumer, à l’image de We Are Scientists, son côté naïf, son côté « On fait notre musique comme si c’était la première fois, comme s’il n’y avait rien eu avant ». Rien que pour ça, Risen mérite un petit détour.
– Le site officiel