Après One, Landscape nous revient avec du beau monde pour une tranche de post-rock aérien, subtil et rêveur. Paysage d’un petit songe.


Pile où on l’attend : pas de feinte de corps, pas de revirement soudain, pas de contre-pied. Après le magnifique One, son post-rock raffiné et diablement efficace, Landscape remet le couvert avec With A Little Help From My Friends. Dès les premiers morceaux, on sait très bien ce qui nous attend avec Landscape, projet fondé en 2004 par Guillaume de Chirac, l’homme à tout faire, compositeur, arrangeur, aux claviers et parfois guitariste-chanteur.

L’écriture est simple, le tempo parfois monotone mais l’étreinte est vive. Les mélodies, si belles soient-elles, semblent tellement prévisibles que tout musicien devrait machouiller ses partoches de ne pas y avoir pensé plus tôt. Et pourtant. Si certains les ont déjà apprivoisées, ils n’ont su les enrober, les épurer, les envoler comme Landscape a été capable de le faire sur ce second album. Chansons progressives, arrangements foisonnants et superbement joués, enrichis de seconde en seconde, voilà la recette, qui nous rappelle Godspeed You ! Black Emperor, The Album Leaf, A Whisper In The Noise ou Iliketrains.

La magie opère, la quiétude nous envahit. De quoi plomber l’ambiance, mais avec classe. Landscape sait parfaitement où il pose ses notes et, avec l’appui d’une réalisation soignée, nous livre des titres plus envoûtants les uns que les autres, à écouter, réécouter à l’envi. Et une fois n’est pas coutume, les invités apportent un vrai plus, ne sont pas là pour jouer les simples figurants. Le titre de l’album est sincère, non pas une référence aux scousers chevelus, mais bien un hommage à ces guests qui subliment le travail de Landscape. Le quintet, officiant également dans diverses formations telles Overhead, Holden ou Simple As Pop, s’est adjoint la collaboration de nombreux amis au micro : Syd Matters, Arman Méliès, Benoit Guivarch de Carp et Nicolas Leroux de Overhead.

L’entame est mélancolique : un son doux, une atmosphère soyeuse sur « Lost In Translation » qui est suivie de « Slow Down », sept minutes aux airs de Radiohead, touchant dans son déroulement, puissant dans son achèvement, avec la voix parfaite de Benoit Guivarch. Landscape alterne ensuite compositions instrumentales et morceaux chantés avec la même réussite. Retenons particulièrement « Someone Else » : c’est Guillaume de Chirac himself qui nous emporte inexorablement avec lui, appuyant sa voix, l’harmonisant à l’accélération impulsée par les cordes. Cordes qui reviennent, magistrales, sur « Parenthèse », pour enrichir un morceau quelque peu lancinant. Arman Méliès sur « l’Heure d’A Côté », unique chanson en français de l’album, et Syd Matters sur le magistral « Someday » achèvent l’album et l’auditeur, conquis, qui atterrit en douceur, repu, par ces sons, ce songe, ce paysage d’un pays sage.

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En concert unique avec la formation complète au Café de la Danse à Paris le 6 avril avec Carp en 1ere partie