Pour avoir pris la tangente du label hip-hop référence Definitive Jux au profit de l’enseigne nettement plus rock XL Recordings (Thom Yorke, White Stripes), Ramble Jon Krohn, aka RJD2, manigançait manifestement un grand coup. Porté au pinacle avec Dead Ringer en 2003, belle prouesse qui s’évertuait à narguer sur chaque piste la pierre angulaire Endtroducing de DJ Shadow, le DJ/producteur d’abstract hip-hop opère un revirement artistique pour le moins inédit avec The Third Hand. Les figures complexes et autres exploits sur laptop ne sont plus une priorité, le désir de reconnaissance en tant que musicien a pris le pas. Une démarche ambitieuse et respectable. Ainsi ce troisième album, entièrement enregistré et composé aux moyens d’instruments dits « organiques », révèle de vraies… chansons. The Third Hand est avant tout un disque de pop moderne, teinté d’arrangements chatoyants et de couleurs soul seventies, incrusté d’échantillons sonores – mais pour combien de temps encore ? Travaillé autour de mélodies au piano, l’enrobage paraît presque épuré en comparaison des périlleuses figures instrumentales antécédentes, sans pour autant manquer de cachet. Si l’écriture pop de “You Never Had It So Good” et “Laws Of The God” sont d’obédience Zombies, le sens de l’harmonie n’atteint pas encore la finesse d’un B.C. Camplight – le chant de RJ demeurant un peu faible. Dans le registre soul, “Have Mercy” (aux progressions à tiroir digne de Steve Wonder) ou encore le foisonnant “Work it Out”, sont l’oeuvre d’un élève appliqué, peut-être un peu trop studieux ou soucieux de rendre son devoir. Il manque encore un peu ce grain de folie que les instrumentaux “Get it” et “Papper Bubble » offrent en faisant office de failles spatio-temporelle qui nous ramènent quatre ans en arrière. Mais restons indulgents, RJD2 apprend vite et cette troisième main se révèle attachante et sincère. Certains se couperaient même un bras pour l’avoir, un comble.
– Le site de RJD2