Freeze! … Stay with us … El Magnifico … C’est quoi c’est ça … Super ready /Fragmenté … About time … I’m the drug… Un point c’est tout!
S’il y a bien un groupe qui force tout le respect du monde c’est le trio suisse Young Gods. Depuis déjà 20 ans, ce groupe a bousculé toutes les idées reçues (dans le fond comme dans la forme) et représente une sorte de Nine Inch Nails européen (Franz Treichler étant ceci dit plus apaisé et zen que Trent Reznor).
Ce nouvel album, qui confirme leur hébergement européen chez PIAS (ils sont chez Ipecac pour l’Amérique), réunit douze plages d’indus aérien comportant encore et toujours ses habituelles, mais ô combien jouissives, envolées explosives. Chantées tantôt en français, tantôt en anglais, tantôt – fait nouveau – en espagnol, on ne trouve par contre point d’allemand à l’horizon cette fois-ci. Les Young Gods prouvent encore une fois qu’ils sont probablement l’un des groupes les plus contemporains de notre époque – toujours à l’avant-garde, à l’affût de projets et d’expérimentations sonores les plus diverses. En aparté, ils savent aussi donner des expos, des concerts, faire des musiques de films, peaufiner un site Internet qui fait peau neuve à chaque album… enfin, bref, ce ne sont pas des assistés.
Dès « I’m the Drug » – référence à « Lucidogène » ? – et son évolution électrique ponctuée par un solo de guitare très Led Zeppelin/Pink Floyd (références récurrentes par ailleurs), on comprend que nos gaillards n’ont toujours pas déposé les armes – loin de là, même («I’m one two three four tones of TNT» chante-t-il dans « Freeze »). On aurait pu le penser pourtant, vu les dernières expériences très aériennes du groupe – d’un album de musique atmosphérique au décor sonore d’une expo aquatique. C’était sans compter leurs prestations live, communion avec le public, source d’inspiration la plus nette.
Le côté « qui se donne en spectacle » avec sa grosse voix et ses allusions à peine voilées – « Qu’est-ce que c’est que c’est une émeute » en cette période pré-électorale est appuyé par un son très saturé. On l’imagine tout à fait gesticuler tel le membre en transe d’une tribu sauvage comme il sait si bien le faire sur les planches. « El Magnifico » ou « About Time » rappellent leur période d’or, celle de L’eau rouge, Only Heaven et TV sky. Sans parler du titre éponyme, longue plage de près de 9 minutes avec le tandem basse/batterie nickel, les bruitages qui s’entrechoquent et les paroles si particulières. « Secret » poursuit dans la même veine. Sur « Everywhere » le délire sonore rejoint le bonheur – fût-il artificiel et éphémère.
De vrais moments apaisés, il y en a peu sur cet album. Notons « Stay With Us », étrange ballade électro-hindoue au cithare ; « Machine Arrière », interlude loufoque ; et enfin « Un Point C’est Tout », débutant par un séquenceur reprenant le bruit d’un CD qui saute sans cesse.
En écoutant cet album, ainsi que le dernier des Nine Inch Nails, on se dit que les deux groupes n’ont jamais été aussi proches l’un de l’autre – l’un dans l’optimisme, l’autre dans le pessimisme. Le tout est de savoir lequel est le plus réaliste.
– Le site des Young Gods