L’insolence et l’indolence ne se distinguant que par une petite lettre serpentine, The Tellers s’amuse à les confondre en permanence. Ce jeune duo belge de Bousval (transformé en quatuor pour la scène) aborde sa carrière comme il semble affronter la vie, avec des baskets pourries, des guitares usées jusqu’à la corde, des cheveux en pétard et un sourire inaltérable. Ce premier EP est une bonne claque aux mauvaises humeurs. Sept titres le composent, dont un au moins, « Second Category », ne vous est pas inconnu si vous êtes tombés sur l’annonce publicitaire d’une célèbre marque d’appareils photos au nom à consonance militaire. On peut avoir 19 ou 20 ans en 2007, connaître son Dictionnaire du Rock sur le bout des doigts et offrir des chansons sans artifice. On songe parfois à Kings Of Convenience pour le dépouillement. Il émane aussi de cet irrésistible objet un côté pop 60’s parfait dans la brièveté du propos, la plupart des chansons atteignant difficilement les deux minutes. Ce qui frappe d’emblée ici, c’est la spontanéité et la fraîcheur de l’écriture, sans jamais verser dans la niaiserie. Ben Baillieux-Beynon et Charles Blistin faisant preuve d’une complicité et d’une innocence crâne contagieuses, difficile de résister à ses ritournelles qui emportent l’auditeur dans un univers enfantin mais jamais puéril. Le chant de Ben Baillieux-Beynon est en outre un sacré argument, avec cette voix rocailleuse, cette gouaille nonchalante et cet accent délicieusement gallois (qui lui vient de sa mère, originaire de Cardiff). Espérant qu’ils transforment ce coup d’éclat en coup de maître sur la longueur d’un album, on se repaît, pour patienter joyeusement, de ces petites mignardises au formidable goût de reviens-y sans crainte de la crise de foie.