The Mules, de la musique de bourrins ? C’est un peu plus complexe que ça. Le quintet déchaîné d’Oxford, mené par le batteur chanteur Ed Seed, nous livre avec Save Your Face un joyeux bordel clé en main. Des chansons pleines d’énergie qui reniflent le tee-shirt mouillé et étonnantes, car ce n’est pas le classique pop-rock qu’on nous sert à l’envi. Ces gars-là auraient pu naître de l’autre côté de l’Atlantique tant leurs influences semblent y être enracinées. Le résultat : du cabaret rock, un peu punk, des chansons cartoonesques et de la musique de saloon.
L’entame est intéressante avec “Polly-O”, morceau ciselé, guitares excitées, refrain entraînant et ruptures incessantes. Le groupe réussit encore son coup sur “Misprint” ou “Ham Shank”, et son côté fanfare assumé. On voit déjà Peggy et Kermit se dandiner sur ce son bien balancé. Les chansons plus douces, notamment “The Catch”, sont réussies et l’on regrette alors que le quintet n’ait pas pris le temps de les travailler plus, de les faire durer.
Car tout n’est pas rose, loin de là. The Mules a du potentiel certes, mais aussi, à l’image de leur musique, fait preuve de précipitation. Un petit air de Young Knives en vitesse accélérée avec l’envie d’en finir au plus vite. Les autres morceaux sont expédiés, expéditifs. “Save Your Face” n’aura qu’une conséquence, vous mettre une tête en papier mâché si vous l’écoutez plusieurs fois à la suite. C’est peu délicat, trop brouillon, comme le reste de l’album. Un album en 37 minutes pour 15 chansons. Cela va vite, trop vite, on serait tenté de leur dire : « Mollo, on se pose et on s’écoute ».
Si parfois l’ensemble est osé mélodiquement, semble emprunter des chemins rarement visités, l’effet est momentané. On en revient au même écueil, The Mules joue désordonné, trop pressé pour que l’on puisse apprécier leur travail. À vouloir surprendre, changer de direction brutalement, les Mules ont oublié un détail : un bordel, on s’y sent bien quand il s’agit du sien.