Après la nostalgie élégante de Nashville puis Subtitulo, jolie carte postale envoyée d’Espagne, le songwriter américain Josh Rouse continue de livrer, selon une cadence annuelle, ses introspections sentimentales en terre latine. Entièrement composé et enregistré dans la patrie de Don Quichotte, Country Mouse, City House peut être interprété par rapport à son prédécesseur comme la fin des vacances estivales. Après deux EPs récréatifs consécutifs (dont l’un enregistré avec sa nouvelle compagne Paz Suay), le réveil un peu brutal de la rentrée a sonné pour Josh le solitaire. Sur ce huitième opus plus couvé, voire automnal, on perçoit une période d’adaptation difficile pour l’exilé, d’où peut-être ce sentiment de manque d’identité qui émane de l’ensemble. Josh Rouse tente de se fondre dans la culture locale en éparpillant quelques subtils accents hispanisants (trompettes ensoleillées, percussions et maracas…) dans sa pop sereine aux relents country-soul. Malheureusement, l’écriture est un peu en roue libre. Cela manque même franchement d’épices sur le limite jazzy rasant « Pilgrim » ou sur “Italian Dry Ice”, baigné d’un effet Flanger qui se veut roots mais sans réelle conséquence. Le lot de titres impérissables est un peu moins consistant que ce à quoi l’habile artisan nous avait habitués sur sa formidable série 1972/Nashville/Subtitulo. Malgré tout, si ses pointes d’inspiration se font moins fréquentes, le tendre trentenaire au regard d’éternel garçon reste toujours attachant. Etrangement, c’est lorsque l’enfant de Nashville se remémore ses souvenirs qu’il retrouve toute la possession de ses moyens (« London Bridge », l’enjoué « Hollywood Bass Player » )… Doit-on y voir dans un futur proche un retour en terre natale ?
– Le site de Josh Rouse