Hip-Rock ? Punk-Hop ? On n’en sait rien, mais finalement, on s’en moque, c’est tout bon.


Northern State est un trio de jeunes filles nées à Long Island et aujourd’hui basées à New-York. Et dire que la musique de ces amies d’enfance sent la street culture à plein nez est un doux euphémisme. Hip Hop baggy, punk catchy, rock cheesy, allons-y ! Le creuset de Big Apple ayant été le lieu de toutes les cultures, toutes les histoires et toutes les ethnies, pas étonnant que la musique de la rue qui se la joue cool soit à ce point mixte, bigarrée et totalement affranchie. Alors qu’en France on conserve un sens idiot et archi-rétrograde du cloisonnement, que le moindre cross-over provoque des émeutes (imaginez deux secondes la force de frappe de NTM alliée aux guitares de Deportivo ! impensable), ailleurs on ne prend pas de pincettes, on absorbe tout ce qu’on aime, on touille si possible en éclaboussant et on verse avec plus ou moins de finesse des cocktails colorés, chargés, mais souvent appétissants. Et des Beastie Boys à Gorillaz en passant par Rage Against The Machine, Everlast ou Fun Lovin’ Criminals pour ne citer que quelques grands noms, il y en a dans tous les genres et pour tous les goûts.

Northern State évolue dans une catégorie bien plus modeste. Il s’agit ici de s’amuser avant tout, de passer du bon temps, de s’arracher les doigts sur des guitares en sautant dans tous les sens, tout en ingurgitant force power drinks. Ici c’est plutôt vieilles baskets et doudounes sans manche, cheveux crades et skate board (et contrairement aux apparences, Kim et Kelley Deal n’y sont pour rien). Ici on s’amuse, on se marre, on se moque, on écorche, on écharpe et on bastonne si besoin, mais on se plaint rarement. Ce n’est pas l’objet. On est cependant bien loin des petits problèmes adolescents. Les mecs sont parfois des assholes, les filles exhibent leurs tatouages, les hamburgers sont démesurés et le stock de bière mexicaine ne doit jamais atteindre le point critique malgré une consommation en flux tendu. Et surtout, ici, c’est l’humour qui prime.

Can I Keep This Pen ? est le troisième album de ce power trio sans complexe. Quelque soit le genre approché, rock, hip hop, electro burnée, l’amateurisme prévaut. Moyens chiches, bruitages cheap, guitares à cinq cordes, et flow traînant, la musique de Northern State ne sera jamais une référence incontournable. On pointe même ici ou là quelques péchés de jeunesse telles la simili-ballade légèrement flagorneuse « Away Away » ou la franchement mièvre « Run Off The Road », taillées pour plaire aux ados en manque d’affection. Mais finalement, ça importe peu. Les gamines y mettent tellement d’énergie, tellement de plaisir qu’au final on se sent porté par leur enthousiasme, arraché des petits problèmes quotidiens à grands coups de guitares mordantes et de beats bourre-pif. Les voix de post-adolescentes qui auraient commencé à têter de la clope à 12 ans dans le garage des parents ne nous aident pas non plus à garder notre sérieux.

Mais ne retenir que le simple amateurisme serait réducteur, à défaut d’être injuste. Il faut écouter le single « Suck A Mofo » (sans commentaire) et son nombre incalculable de «suck a mother fucker» balancés en 3’12 pour apprécier à sa juste valeur le talent de Northern State. Annihilation de l’idée même de scrupule, le concept de second degré ramené au niveau zéro, rythmes à la limite du crunch, on peut dire que ces filles en ont. On sent même un certain goût pour la provoc gratuite comme on peut en jouir en ce moment avec The Gossip ou CSS. Et la comparaison ne dessert pas forcément Northern State, ces midinettes de bon goût tiennent la route.
Et dire que pendant ce temps, en France, on a Koxie ou Diam’s… Vite, un billet pour New-York !!

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