Qualifié de «meilleur rock-band de la planète» par un magazine culturel adepte du lynchage d’écrivain et spécialisé dans la découverte a posteriori, le groupe indé The Fiery Furnaces n’a pas attendu ce nouveau chevalier blanc du défrichage musical pour recevoir régulièrement maintes louanges sur les blogs et webzines en activité, et ce depuis son séminal Gallowsbird’s Bark (2003). Widow City, cinquième album du duo frère/soeur Friedberger marque d’ailleurs un petit coup de mou créatif après un disque majeur, Bitter Tea (2006), dont il constitue le prolongement rock, là où le précédent se voulait plus pop. Omniprésente, la guitare électrique a ainsi gagné du terrain et la présence du batteur Robert d’Amico apporte un surplus d’énergie heurtée à cette nouvelle odyssée musicale. Pour le reste, la formule gagnante de ce rock-rébus destructuré reste inchangée : cassures mélodiques, sonorités contemporaines et vintage entrechoquées, textes à la profondeur insondable (souvent à la limite de l’opacité vaseuse), concept tiré par les cheveux (cette fois-ci l’album est construit autour de souvenirs de femmes homicides), narrativité et réflexivité en sus. Paradoxe : l’esthétique toute en brisures et changements de directions du groupe confine d’album en album à une démarche têtue dans la forme, devenue presque trop prévisible, quand elle ne s’avère pas tout bonnement forcée (le poussif “Clear Signal From Cairo”). Si l’inspiration du duo demeure suffisamment riche en variations pour laisser penser qu’il n’a pas encore écumé toutes ses possibilités, le télescopage d’idées ne fonctionne pas à tous les coups sur l’excessive longueur de ce Widow City (l’hideux “Uncle Charlie”, le bancal “Right By The Conquest”, le peu réjouissant “Cabaret Of The Seven Devils”). Revenir à davantage de simplicité, comme sur l’excellent “My Egyptian Grammar”, pourrait à présent s’avérer salutaire pour cette prolixe formation, avant que son style débridé ne vire au remplissage vaniteux.
– Le site de The Fiery Furnaces.
– La page Myspace du groupe.