Pio Pio : sous ce charmant gazouillis se cache le premier album solo de Teresa Iturrioz, personnage emblématique de la pop espagnole indépendante, notamment au sein de Le Mans. La chanteuse, qui soigne autant le design que les arrangements de ce premier effort en solitaire, nous promet une virée chaloupée dans son microcosme hautement féminin et raffiné. Et l’ouverture éponyme est à la hauteur de nos attentes, avec ses gimmicks synthétiques, ses violons et mélodies entrelacés. Sans parler de la voix sucrée de Teresa, tantôt caressante, tantôt monocorde, qui nous cajole de sa douce musique latine. Mais cette démonstration magistrale restera malheureusement un îlot isolé de pop classieuse au milieu d’un zapping musical indigeste. Pop synthétique sans épaisseur, dub maladroit (l’écoeurant “Honey”), ou ballade mélancolique (“Ven, Ven, Ven”, “Algo Raro”) : notre ravissement initial pourrait en effet être de très courte durée, devant tant d’initiatives tous azimuts et pas toujours opportunes. Les titres sont certes solaires, ayant recours aux cuivres, aux refrains ensoleillés – ensommeillés ? – et à la sensualité spontanée de ce filet de voix. Il s’en dégage pourtant une lumière blanche, affadie et sans éclat. Les thèmes candides, s’ils ont l’avantage d’être immédiats, lassent rapidement par leur manque de relief (“Mi Primer Viaje”, “Tu Perrito Librepensador”). En libres penseurs que nous sommes, on en vient presque à préférer “Mira, Basta”, rare titre relayé par une voix masculine et parcouru d’effets électroniques plutôt judicieux.

Cet album timoré, pas désagréable en musique de fond, déçoit donc assez rapidement si on y prête une oreille trop attentive. Dommage qu’il ne soit pas à la hauteur de son écrin, picturalement irréprochable !

– Le site de Elefant Records