Anna T., chanteuse suédoise, plutôt jolie, cherche confirmation après premier album réussi. Folk rock minimal, appliqué. Pas de problème, on se met sur le coup. Petit retour en arrière d’abord. En 2004, Anna Ternheim livre son premier album, Somebody Outside. Une production soignée, une voix délicate, des arrangements inspirés et quelques morceaux de bravoure, parfois d’une tristesse accablante quand elle propose ses « naked version ».“I Say No”, “My Secret” et le sommet “A French Love”, qui, quand elle le dépouille de ses atours rocks, trouve une résonance particulière chez nous, petits Français. « La folie d’amour » susurrait-elle alors, quelques mots sublimés par son accent craquant, nous jetant dans un océan de sensualité.
Trois ans ont passé depuis ces merveilles et revoilà Anna avec Seperation Road. En contre-jour sur la pochette de Somebody Outside, elle apparaît cette fois-ci en pleine lumière, tête baissée sous un ciel menaçant. Son folk mélancolique est toujours aussi méticuleux mais cela prend moins : les ruptures sont moins présentes, le songwriting moins efficace, l’ensemble est trop lisse malgré quelques idées sonores, collages astucieux, qui nous rappellent une autre blonde, Fiona Apple. Mais la comparaison s’arrête là. Car Fiona sait imposer son charisme, porter sa voix sur des champs de ruines, avec force, avec morgue. Anna est sincère, appliquée, ne sombre pas dans un style facile, guimauve qui lui permettrait pourtant d’acquérir une renommée autre. Si tout n’est pas parfait chez la Suédoise, quelques plages de délicatesse laissent entrevoir un avenir radieux : elle clôt l’album sur “Black Widow” (naked version), balade d’une quiétude rassérénante.
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