Premières secondes, des rires d’enfants qui ouvrent les fenêtres du passé, joie qui arpente le temps et le continent africain, racines qui remontent à la surface pour dire d’où vient ce musicien (le Sénégal), cadré de dos sur la pochette, pose charnelle de danseur pudique, ondulation d’un bras qui encercle une tête pleine de musiques du Monde. De Diouf, en wolof, en français et en anglais dans le texte, a depuis voyagé, de Paris à Berlin, de Genève au Luxembourg, et sa musique colorée s’en souvient : miroitements soul, touches house, traits r’n’b, ondulations hip-hop, blues en fond, la toile excède les frontières stylistiques, découvre un univers chamarré où le groove est langage universel. Premier album, et déjà l’ambition assumée de contourner les modèles usés jusqu’à la corde avec décontraction, d’imposer un son crédible, chaud, précis, clair, de donner de la voix, suave, feutrée, assurée. Volonté de bien faire, parfois un peu trop, quand la séduction délibérée tend facilement la main à l’auditeur qui n’en demandait assurément pas tant (ces soli de guitare électrique dégoulinants, ces arrangements ici et là conventionnels, voire ce formatage radiophonique). Moins péché de jeunesse qu’au contraire excès de maîtrise et d’application, la douce caresse qui rassure en lieu et place de la frénésie des corps emportés dans l’élan. La faute, aussi, à une direction artistique (François Rivollet) qui étouffe par moments la flamme au lieu de l’attiser. Le potentiel de séduction n’en sera toutefois pas entaché, le fort caractère musical aidant, la belle propension à la nuance faisant le reste. Plus qu’un enthousiasme prudent, le souhait d’écouter l’avenir.
– La page Myspace De Diouf.