Quatrième album pour Stars, désormais hydre à deux têtes montréalaise. Emmené par Torquil Campbell et Amy Millan, la formation a fait parler d’elle en 2005 avec l’acclamé Set Yourself on Fire. A l’époque, Stephen Ramsay faisait partie du groupe, il s’en est depuis allé fonder Young Galaxy. Et Torquil Campbell souffre de plus en plus d’amour. D’où ce concept-album. On sait aujourd’hui combien la dream pop est encline à absorber les courants musicaux pour déverser une musique qui a horreur du vide. Ce postulat posé, on peut s’attendre à tout, mais pas forcément à ce que propose Stars. Voilà un groupe qui sait façonner des chansons ambitieuses, écrites avec un sens du détail maladif, mais qui noie son travail sous des arrangements emphatiques, dégoulinants d’effets synthétiques vains et fatigants. On ne sait si c’est un goût appuyé pour les synthés des années 80 ou une passion cachée pour le piano débordant de bons sentiments d’Elton John, mais une chose est certaine, In Our Bedroom… est gâché par la démesure. C’est d’autant plus regrettable que dans leur construction, chacune des chansons de cet album est potentiellement un vrai single pop en puissance. La voix morcheebienne d’Amy Millan, parfois bousculée par celle de Torquil Campbell qui va jusqu’à lorgner vers des Bee Gees en ballade, leur confère un côté fruité, presque agréable. Il y a aussi ces mélodies recherchées, élaborées au cordeau. On peut sauver du naufrage la bombe “Bitches In Tokyo”, bizarrement débridée. Mais à part ça, pourquoi gâcher une telle matière sous des tonnes d’effets écoeurants et démodés ? On croirait entendre Les Chariots De Feu de Vangelis déclinés à l’envi, ou encore le résultat d’une rencontre entre les Spice Girls et Craig Armstrong, entre le clinquant et le sirupeux. Non, décidément, on ne comprendra pas cette propension de certains groupes à s’entourer de machines savantes et probablement onéreuses pour pondre une musique aussi affligeante de banalité, surtout quand elle dessert une plume affûtée pour écrire de vraies ballades simples et directes. En fait, In Our Bedroom… n’est autre que le fils caché de The Final Cut, cet horrible disque pleurnichard que Roger Waters osa sortir après The Wall sous le nom Pink Floyd. Sauf que dans The Final Cut, il y avait bien moins de bonnes chansons. D’où cette sensation tenace d’énorme gâchis.
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