Il fait décidément bon vivre au Canada quand on fait du rock aujourd’hui. Pony Up ! est un jeune quatuor féminin basé à Montréal et qui profite de la vague pour proposer aujourd’hui son premier album. Articulé autour d’un clavier omniprésent et de guitares frondeuses dignes de l’indie pop la plus classique, Make Love To The Judges With Your Eyes donne à entendre quatre jeunes filles qui sont à une étape charnière de leur vie, tant musicale que privée. Pas complètement adultes, plus vraiment adolescentes, elles se posent des questions de leur âge. Il y est souvent question d’amour, celui qui se construit à deux, celui qui voit loin, qu’on imagine à l’aube de la vie en couple. Sur fond de guitares parfois abrasives, souvent rugueuses, les douces voix des Pony Up ! chantent simplement, sans effet de manche, sans artifice. On pense aux premiers pas de Nada Surf, dans cette velléité mélodique. La chanson avant tout, il faut que ça sonne juste, pas forcément que ça tape fort. Du coup, entre balbutiements et spontanéité, on navigue en permanence entre deux eaux, ce n’est plus vraiment l’échauffement, mais pas encore l’album qui les consacrera. Sans aucune condescendance, on doit reconnaître au quatuor une science certaine de l’écriture. Les chansons imprègnent rapidement le tympan, et les refrains sont tenaces. Ce serait plutôt dans l’interprétation que Pony Up ! pêcherait. Les hésitations sont parfois un peu trop voyantes, les tâtonnements trop flagrants. Et certains choix d’arrangements n’arrangent pas grand-chose, comme un clavier trop sollicité sur “Only Feelgood” ou “What’s Free Is Yours”. Il manque de surcroît à ces jeunes femmes, pour ressembler définitivement aux Nada Surf, le tube qui fait la différence, leur “Popular” à elles, même si les grenades successives “Pastime Endeavour” et “Make, Model, #” peuvent leur ouvrir les portes des college radio les plus en vue sur leur continent. Peu importe, leur premier album tient la route, le plus important, c’est bien de se lancer, c’est le courage des oiseaux (pour paraphraser Dominique A) qu’il faut ici apprécier. Pas sûr que ce disque marquera l’histoire, mais en attendant, le moment passé n’aura pas été désagréable, c’est déjà ça de pris.

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