Voilà le disque pop et insouciant qui tombe à point nommé ! Alors que le dernier méfait des New Pornographers marque – hélas – une petite baisse de régime, Georgie James comblera l’insatiable appétit des maniaques de la pop song parfaite.
D’emblée, précisons un point : Georgie James n’est pas un mais deux. Ce duo mixte originaire de Washington formé voilà deux ans est composé – honneur aux dames – d’une jolie blonde, la chanteuse/clavier Laura Burhenn et d’un poilu multi-instrumentiste, John Davis. La première a déjà un disque solo sorti sur son label Laboratory Records, tandis que le second officiait derrière les fûts agités des regrettés Q And Not U. Rien à voir cependant avec l’indie rock dansant de ces derniers, Georgie James n’a d’yeux que pour les belles mélodies, candides d’apparence mais redoutablement ciselées. La «perfect pop song», comme on dit dans le jargon.
Places est de ces disques pop à retardement dont on attend de prime abord pas grand-chose. On laisse agréablement filer les deux premiers morceaux, convaincu que nous avons affaire à de la pop bien exécutée mais sans conséquences. Et puis tiens… la troisième plage a de la suite dans les idées, c’est même fichtrement bien foutu. Oh attendez ! La quatrième se fend d’un refrain indélogeable… A partir de la septième, nous sommes cuits, prêts à dévorer sans sommation notre lecteur CD tellement c’est bon !
Dans la sphère des duos pop au grand coeur, Georgie James entretient quelques atomes crochus avec les brillantissimes Mates of State et les vétérans Quasi, à savoir un goût prononcé pour les sonorités nobles d’obédience seventies. Toutefois, contrairement à ces deux tandems, Georgie James ne se contente pas seulement d’un Fender Rhodes ou d’un piano comme seuls instruments mélodiques, mais aussi de quelques bonnes guitares électriques et autres étranges machines (Wurlitzer, vibraphone). Leur collection de disques doit contenir pas mal de vieux vinyles d’XTC et des Kinks (“Look Me Up” et ses vocaux en Pa Pa Pa Pa transfigurés, l’arme secrète de Ray Davis du temps de sa splendeur) sans oublier le Shake Some Action des Flaming Groovies, référence ultime pour tout fan de power pop digne de ce nom.
Les chansons ne dépassent jamais, ô grand jamais, le stade fatidique des quatre minutes. Trop ennuyeux après. Comme on les comprend. Nos mélodistes allergiques à la redite ont pour eux un sens inné du contre-pied et savent redoubler d’énergie lors des sprints électriques (les jolies montagnes russes de “More Lights”). Si bien qu’il est difficile d’extirper un morceau médiocre du lot tant cette douzaine de charges power pop reste incoercible. Chacun alterne le chant, mais on avoue un petit faible pour la voix de Laura Burhenn, plus charismatique que celle de son compagnon – qui ne s’en tire pas mal non plus, relativisons -, les intonations de la belle la rapprochant parfois de la puissante rouquine Neko Case. D’ailleurs, avec Places Georgie James se pose comme un sérieux concurrent aux New Pornographers, un peu en roue libre sur leur dernier opus. Des petites merveilles instantanées comme “Long Week” et son refrain universel ou le frétillant “Need Your Needs” et son gimmick de guitare funky qui claque fort, s’imposent comme la doublette imparable manquant cruellement au dernier manifeste de Carl Newman et sa dream team.
Mais au fait, qui est donc Georgie James ? Une rock star androgyne tirée de l’imagination fertile du duo, sorte de Ziggy Stardust du XXIe siècle doté de pouvoirs magiques. Et dire que cet air traînait dans ma tête… «Georgie, Georgie
Tu détiens un grand secret »*.
* Séquence nostalgie, la chanson du dessin animé Georgie à écouter .
– Le site de Georgie James