Avec onze titres réunis ici, peut-on toujours parler de EP ? La formation avant-folk américaine ne fait décidément rien de manière classique (souvenez-vous de leur premier album livré avec un second CD rempli à craquer de remixes), en atteste leur seconde sortie sur Warp après le très remarqué Yellow House l’année dernière. Ce Friend EP n’en est pas exactement un, mais plutôt un étrange « semi » album hommage lancé à sa propre initiative, et mélangé à des titres connus retravaillés ainsi que deux inédits (dont un hidden track). Quelques noms « bankables » du rock indépendant ont été sollicités pour reprendre leur morceau préféré : Band of Horses, CSS, Zach Condon (Beirut), Atlas Sound (Deerhunter) et The Dirty Projectors… Pourquoi pas ? L’idée est séduisante sur le papier. Malheureusement, la qualité n’est pas constante. Parmi les attendus, si l’appropriation par CSS de “Knife” vaut le détour pour son échappée synthétique ludique, Ben Bridwell de Band Of Horses déçoit en prenant la clé des champs (c’est le cas de le dire) avec son banjo sur le bien soporifique “Plans”. Quant à l’instigateur autocélébré, il s’essaie lui-même à une somptueuse reprise des Crystals tout en profondeur sépulcrale et guitares vaporeuses. Douce ironie, cette reprise est la plus réussie du lot. Ses autres remixes et versions retravaillées de “Little Brother”, “Shift” et “Plans” (complètement différent des originaux) attirent la curiosité mais sans plus. Idem impression pour les deux inédits. Une belle réussite s’extirpe néanmoins, la version « monastique » d’“Alligator” (tiré de leur premier album) avec notamment aux choeurs Zach Condon. Lors de ces trois ou quatre « friendises », les Grizzly de Brooklyn n’hibernaient manifestement pas. Dommage pour le reste.
– Le site de Grizzly Bear