Il n’est jamais trop tard pour tomber sur le cul. Vous pensiez l’electro-rock réservé à New-York ou Berlin et la France incapable de mettre un coup de boule au Klaxons ? Les deux EP inauguraux d’Adam Kesher risquent bien de remiser vos préjugés au fond de l’océan tellement leur puissance ravage tout sur leur passage. Guitares épileptiques, rythmique stroboscopique, claviers anxiogènes et chant sur la brèche, tout ici est fait pour pulvériser vos articulations et massicoter votre bulbe rachidien. La pop du sextet est de celle qui laisse des stigmates, qui fait couler le sang par les oreilles. Puisant autant dans le krautrock ou la cold-wave séminale que dans l’electro la plus contemporaine, la musique des bordelais d’origine brille par son incandescence. Modern Times (2006) pose les bases de ce cocktail détonnant avec cinq titres intemporels, consolant allègrement les nombreux déçus de Bloc Party. Ecriture au cordeau, production maousse, et interprétation écorchée, impossible de résister à la redoutable efficacité de bombes telles “Cent Soixante”, “Where’s My Place” ou “Modern Times”, invitations à la profanation des temples frileux érigés à Joy Division, mélangeant funk et punk sur un dance floor ayant atteint sa température de fusion. Le champ des possibles maintenant défriché, la troupe menée par Julien Perez ouvre les vannes des cuves de napalm jusqu-là patiemment mises de côté sur les quatre titres du monstrueux An Allegory Of Chastity (2007). Dès le single “P-Katherine”, l’herbe est arrachée à grands coups de mâchoires, laissant libre cours à la violence addictive et à l’humour sardonique de “Feel You In My Arm” et “Let The Earth Rejoice”. A charge pour “Irene” de fermer le bal dans un hédonisme quelque peu scabreux mais ô combien roboratif. On attend un album pour 2008, et si le plumage est à la hauteur du ramage, les irrévérencieux Adam Kesher risquent bien de faire parler la poudre pendant un certain temps, confirmant un buzz grossissant à vue d’oeil, buzz porté par des prestations plus que brûlantes aux Eurockéennes ou à Saint-Malo. En attendant, vous reprendrez bien un bol de lave…