En même pas 30 ans et déjà 7 albums au compteur, le touche à tout Benjamin Schoos, alias Miam Monster Miam, peut être qualifié de musicien prolifique. Le liégeois prend d’ailleurs l’expression « touche à tout » à la lettre, alternant les univers (télé, radio, musique…) et les métiers (il est aussi fondateur du label «bubblegum pop» Freaksville qui héberge entre autres Jacques Duvall, iconoclaste en chef). Et il applique cette boulimie artistique à sa musique, L’Homme Libellule en est une preuve irréfutable. Un très vieil ami, maniant la mauvaise langue avec aisance, aime à dire qu’«être polyvalent c’est être mauvais partout». On ne saurait juger de ses activités parallèles, mais pour ce qui est de la chose musicale, Schoos s’assoit sans coup férir sur cet adage. Ce septième album, qui entend rendre hommage à la SciFi, Gainsbourg et John Lennon entre autres, est un formidable melting pop déjanté. Sous ces mélodies sucrées, un brin graves, Miam Monster Miam livre des paroles insensées, formidablement décalées. Sa voix de crooner bleuté se promène sur des arrangements tantôt jazzy, tantôt electro-kitsch, tantôt pop-rock, voire carrément bricolés sur un vieux Commodore 64. Et le résultat vaut le détour. On pense à un Jérôme Minière qui aurait abusé du Malabar, ou un Marc Gauvin qui aurait troqué la bossa et le tcha-tcha contre un stock de bons vieux Yamaha millésimés 1987. Cet humour ravageur et ce penchant pour les chemins de traverse ne rendent pas Miam Monster Miam indigeste pour autant. Bien au contraire, L’Homme Libellule est une vraie malle aux trésors, regorgeant de pépites tellement uniques que l’on peinerait à les fourguer au marché noir, même à Anvers. Il est salutaire parfois de prendre un aller simple pour une destination inconnue sur une compagnie aérienne euphorique, surtout si le Commandant de Bord a le bon goût de s’appeler Miam Monster Miam.